Bien qu'on soit arrivés plus que 30 minutes d'avance à ce qu'on croyait être l'arrêt d'autobus de Dharamsala on a bien failli le manquer. Et pourtant, je suis aller voir le guichetier au moins trois fois pour diverses questions avant qu'il ne dise (traduction libre): "Le bus ne passe pas ici, il faut aller à la gare, c'est à deux minutes de marche par là. Ici, c'est juste pour acheter les billets." Ça fait pourtant une demi-heure que je fais le piquet devant sa fenêtre et c'est maintenant qu'il me dit ça! Il est 13h18, le bus part à 13h20.
Indians are always late. On nous a dit ça plusieurs fois. Les bus et les trains partent généralement à l'heure mais c'est en route que ça se gâte. Pathankot-Delhi, c'est le premier train de nuit qu'on prend et je n'étais pas tellement chaud à l'idée parce que j'entrevoyais un sommeil plutôt difficile mais au contraire, nous avons très bien dormi. Le départ était fixé à 22h30 et l'arrivée à 7h45, le temps d'une nuit et nous serions déjà à destination. Au réveil, nous avons vite réalisé que ça ne serait pas le cas. Le train est à l'arrêt depuis un bon moment et tout porte à croire que nous sommes encore loin de la grande ville. Un passager nous confirme qu'il reste encore 250km à faire. "Quoi, on est censé arriver d'une minute à l'autre!" Son voisin nous dit, question de nous achever: "c'est seulement 5-6h de plus". Ouf. En fait, le meilleur est à venir. Outre la pluie intermittente qui nous force à fermer les fenêtres et à suffoquer dans le wagon, il était un peu passé 18h quand le train a fait son entrée à la gare de Delhi, soit presque 12h de retard sur un trajet de 9h... Disons que la journée a été longue. Le plus beau dans cette histoire c'est la sagesse avec laquelle tous les indiens présents ont pris la situation. Personne ne s'est plaint. Ils ont attendu patiemment en bavardant, lisant ou simplement fixant au loin sans le moindre signe d'exaspération, sans demander d'explication. J'essaie d'imaginer la scène avec un train rempli d'occidentaux. L'impatience aurait été palpable.
La troisième partie de ce périple qui devait nous mener à Jaipur s'est aussi avérée plus longue que prévue, mais volontairement et à notre avantage cette fois-ci. Encore un train de nuit, l'heure d'arrivée à Jaipur était fixée à 2h30 AM et cela ne nous convenait pas du tout. Pour toutes les raisons du monde, arriver dans une ville inconnue en pleine nuit n'est pas idéal et mène rarement à une expérience positive. Comment s'en sortir? Simple, continuer vers la ville suivante. Juste avant l'embarquement, nous avons constaté que le train se dirigeait vers Jodhpur (la prochaine sur notre itinéraire) en passant par Jaipur. N'ayant pas le temps de faire changer notre billet, il ne nous restait plus qu'à convaincre le contrôleur de nous laisser aller jusqu'au bout... sans payer plus. Grâce à son beau sourire, Joëlle a réussi le tour sans problème: "Mais monsieur, vous savez, Jaipur, Jodhpur, pour nous, c'est pareil. On s'est trompé en réservant...". "Ok, no problem, sleep well".
Jodhpur, la ville bleue. Elle est appellé ainsi car la majorité des maisons sont peintes de cette couleur qui est bleu lavande plus précisément. Il y a longtemps, la couleur était réservée aux maisons des Brahmans, pour les distinguer. La ville est donc très jolie... vue du fort. Autrement, lorsque l'on navigue à travers les rues étroites et poussiéreuses, on peut dire qu'elle ne présente aucun charme particulier. Les habitants semblent blasés et les commerçants sont particulièrement insistants, surtout les marchands d'épices. Je ne sais pas si vous êtes comme nous mais quand on se fait aborder par un parfait inconnu qui dit: "Hey, my friend!", ça ne nous met pas dans les meilleurs prédispositions. Et ces vendeurs sont omniprésents. Les épices proviennent de plusieurs états de l'Inde et la ville de Jodhpur semble être une plaque tournante de son commerce. Le choix est énorme mais bien vite, on remarque que le safran est sans conteste l'épice la plus prisée de toutes. On nous l'offre partout même par les vendeurs ambulants, comme si c'était de la crème glacée.Le fort a été le seul attrait à valoir une visite et celle-ci fut fort intéressante grâce à un audio-guide très bien réalisé et disponible en français s'il-vous-plait. La forteresse, achevée en 1459, a pour nom Mehrangarh. Elle a été habitée par les maharajas (les rois de cette partie du monde) jusqu'au début du 20e siècle. Voilà, c'est tout. Non, en fait, il y a beaucoup plus mais je vous laisse faire vos recherches si ça vous intéresse car ceci n'est pas un cours d'histoire...
Après un très bref séjour à Jodhpur, 24h nous aura suffit, nous avons pris la direction de Jaisalmer. Juste le nom me mène à penser que l'endroit est mythique. La ville, construite elle aussi autour d'une forteresse, est située en plein milieu du désert du Thar. Pour ajouter au charme, elle est encore habitée et c'est un plaisir que d'aller se perdre dans ses dédales de ruelles. On peut facilement s'imaginer comment les gens y vivaient autrefois, il y a plus de 500 ans! Autres faits à noter, Jaisalmer est beaucoup moins grande et peuplée que Jodhpur et les gens sont plus gentils. En plus, nous avons le plaisir de tomber sur le plus bel hôtel qu'on ait pu imaginer... pour notre budget. Le proprio a tout fait pour rendre notre séjour agréable ce qui est malheureusement assez rare sur notre chemin, la plupart se contentant de faire le minimum. C'est aussi lui qui a organisé notre safari à chameau.
L'affaire fut beaucoup plus facile à négocier que le trek au Ladakh (oui, celui auquel on n'a finalement pu prendre part, merci de me le rappeler). Il nécessite aussi moins de ressources: 24h, 2 guides, 4 chameaux, 3 repas et des couvertes. Pas de tente? Non monsieur, on dormira à la belle étoile, sur une dune de sable de surcroit. Partis en milieu d'après-midi, le périple a commencé par la visite d'un temple jain d'une grande beauté certe mais dénué d'intérêt. Rien à faire, peu à voir et y'avait pas un chat. Désert et c'est le cas de le dire. Une demi-heure plus tard, nous arrivons à la rencontre de nos guides et chameaux. Première constatation, c'est grand un chameau. Ensuite, la simple motion du chameau qui se lève quand on est assis dessus nous procure des sensations dignes de montagnes russes. La marche, elle, est un peu plus saccadée qu'à cheval. Et c'est ainsi que nous nous sommes enfoncés dans le désert en direction des "Dunes Royales". En arrivant à destination, une 2e constatation nous vient à l'esprit. C'est exigeant faire du chameau. J'en ai mal partout! Pour ma part, c'était comme faire le grand écart et se faire pousser par en avant, par en arrière en alternance et devoir garder son équilibre pendant 3h. Joëlle a été plus à l'aise que le vieux Fred. Donc, une fois sur place, tout ce qu'il nous restait à faire c'était de profiter du paysage pendant que nos deux guides s'affairaient à préparer le repas (très bon d'ailleurs). Après le souper, nous avons bavardé en admirant un ciel étoilé des plus lumineux que j'aie vu de ma vie. Incroyable la quantité d'étoiles qui tapissaient cette toile au fond bleu indigo. De toute beauté. Plus tard dans la soirée, les choses se sont mises à moins bien aller pour votre couple en cavale favori. Déjà durant la journée, le vent soufflait très fort ce qui nous donnait l'impression qu'il faisait moins chaud que le thermomètre ne l'indiquait. Maintenant que nous avions à passer la nuit dehors, c'était moins plaisant. Selon le guide, nous ne pouvions rester derrière le buisson où nous avons mangé car, petit détail, il y avait trop de risque de se faire piquer par un scorpion. "Eh pardon, il y a des scorpions ici? Oui, il faudra aller un peu plus haut là-bas." Ce qui voulait dire au pic d'une dune où le vent souffle le sable dans tous les sens et nous le renvoie directement au visage. Je l'entends presque nous dire: "vous n'avez pas d'affaire ici!" Pas besoin de vous dire que le sommeil a été assez difficile à trouver pendant qu'on était, petit à petit, ensevelis sous le sable qui trouvait son chemin jusqu'à l'intérieur de nos oreilles et nos narines. Nous n'avions qu'une petite couverture chacun pour nous couvrir et empêcher que le vent fasse de nos corps de nouvelles dunes à nos effigies. Au réveil, bizarrement, on ne se sentait pas si amochés. Heureusement car le 2e jour de balade allait être de loin plus exigeant que la veille. Un mille à chameau, ça use, ça use... Nous sommes arrivés à l'oasis, un vrai mirage, (destination de la 2e journée) en petits morceaux, complètement épuisés. Pire qu'un 100km de vélo, je n'en reviens tout simplement pas à quel point c'est dur de tenir là-dessus pendant des heures. Malgré tout, nous n'avons aucun regret et nous en garderons de beaux souvenirs pour toujours. La chance de faire une randonnée à chameau (camel safari comme ils l'appellent ici) ne se présente pas souvent et nous nous considérons privilégiés d'avoir pu en profiter. Nous pouvons maintenant nous vanter d'avoir dormi dans le désert en pleine tempête de sable! Merci donc à Isaac et Pusha, nos deux guides, ainsi qu'à Johnny Walker, Rocket, Papou et Lalou, nos quatres chameaux que nous avons (pour l'anecdote) rebaptisés Edgar, Barnabé, Gustave et Albert.
Jaipur. Aprés avoir conquis (et été conquis) par la belle Jaisalmer, nous voici de retour à la porte du désert, là où nous sommes passés en train au milieu de la nuit quelques jours plus tôt. Rien de particulier à raconter de notre séjour ici, plusieurs monuments nous ayant laissés sur notre faim. Pourtant, rien que leur nom nous laissait présager des visites intéressantes. Premier arrêt, le Jantar Mantar est un observatoire astronomique construit au 17e siècle et est composé de quelques dizaines d'instruments ressemblant à des sculptures. Cadrans solaires, disques solaires, éclipses, azimuts, etc. J'avoue que j'en ai perdu des bouts. Les quelques pancartes explicatives ne nous étaient pas très utiles et nous mélangeaient plus qu'autrement. Écrites dans un anglais pourri, je soupçonne quelques difficultés de traduction à partir de l'Hindi.
Ensuite, nous nous arrêtons au Hawa Mahal ou palais des vents. Pas tout à fait un palais, il permettait aux femmes du harem du Maharaja d'observer la rue sans être vues (très important à l'époque, 1799) tout en profitant de courants d'air frais. Ces courants d'air sont supposément accentués par la forme et la taille des murs et des fenêtres. L'immeuble est très large mais ne fait que 2 ou 3 mètres de profondeur.
Un peu plus tard, nous nous sommes rendus au Surabhi Mansion qui est en fait le musée des turbans. Le nom le dit, la seule chose à voir ici est une collection d'une cinquantaine de turbans venant des quatres coins du pays posés sur des têtes en plastique blanc et accompagnés d'une très brève description. Pour tout dire, l'objet le plus intéressant du musée (et ça n'a rien à voir avec les turbans) est une affiche géante décrivant les différences entre l'éléphant d'Afrique et l'éléphant d'Asie. Fascinant.
Enfin, dans les environs de Jaipur, nous avons visité le palais d'Amber et la forteresse Jaigarth mais je ne rentrerai pas dans les détails parce que je ne voudrais pas vous décourager de lire les prochaines entrées de notre blog. De notre côté, il est devenu assez lassant de visiter des forts qui tombent en ruine. Ironiquement, en arrivant à Agra un vendredi, jour où le Taj Mahal est fermé, il ne reste qu'une attraction touristique à visiter. Le fort d'Agra.