vendredi 30 juillet 2010

Calcutta (1ère partie)



À peine étions arrivés à Calcutta que nous nous sentions déjà mieux. En sortant de la gare, il nous fallait prendre un petit traversier pour rejoindre le centre de la ville. Quelle surprise sur le quai, quand les gens autour de nous encerclaient, comment d'habitude, mais cette fois-ci en nous laissant un bon mètre de distance! Ça faisait franchement du bien de retrouver notre bulle.

Pour ceux qui se posent la question, Kolkata, c'est le nouveau nom de Calcutta. En effet, il y a une dizaine d'années, le gouvernement indien a décidé de changer le nom de plusieurs villes, histoire de leur redonner une sonorité plus indienne qu'anglaise et s'affranchir davantage du souvenir de la colonisation. Ainsi, Bombay est devenue Mumbai, Madras est devenue Chennai et Calcutta est maintenant... Kolkata. Par contre, permettez-moi de continuer à utiliser Calcutta encore quelques instants, dumoins le temps de cette entrée de blog, parce que vraiment, c'est beaucoup plus joli en bouche...

Calcutta, troisième plus grande ville de l'Inde en terme de population, n'a rien à envier à Delhi. Elle est bien plus charmante, avec ses palmiers, ses rond-points ornés de statues et ses taxis ambassador jaunes qui semblent tout droit sortis des années 50. Par contre, Calcutta, c'est aussi plus d'un million de sans-abris, et une densité de population de 27 000 habitants par kilomètre carré (contre 4000 à Montréal). C'est là qu'on a vu, pour la première fois en Inde, des gens se shooter à l'héroine sur le trottoir d'une rue passante, en plein jour. Impossible non plus ne pas remarquer les innombrables rickshaw-pullers, ces véritables hommes-cheveaux qui servent de taxi et tirent leur carrosse en courant, sur des distances impossibles, les pieds-nus. Pour l'anecdote, je confirme que non, nous n'avons pas essayé, on trouve ça bien trop dégradant! C'est également l'opinion du ministère des transports, qui a aboli cette pratique en 1997. Toutefois, il resterait encore plus de 6000 licenses (non-renouvelables), ce qui explique leur présence sur les rues. Cette nouvelle loi est loin de faire l'unanimité car il s'agit, pour plusieurs, de leur seul potentiel gagne-pain. Peu éduqués, ils ne possèdent que leur rickshaw... Et on doit admettre qu'ils sont hyper souriants et sonnent constamment leurs clochettes en nous sollicitant pour qu'on grimpe sur leur monture! Aucun d'entre eux ne semble s'appitoyer sur son sort. Une question épineuse, donc.

Calcutta est immense et en 5 jours, on n'a fait qu'en effleurer la surface. Notre premier objectif consistait à obtenir notre visa pour le Bangladesh. Premier défi: trouver l'ambassade, ce qui ne s'est pas avéré être une mince tâche. En fait, sur internet, on a trouvé trois adresses différentes, mais dans le même quartier. Histoire d'ajouter un peu de piquant, on a appris que plusieurs rues avaient changé de nom il y a quelques années... On a fini par demander notre chemin à tous les gens qu'on croisait, qui se sont avérés hyper aidants. On a finalement trouvé l'ambassade et remis nos applications au préposé qui était adorable, un vrai grand-père taquin. Il m'a dit "Okay baby, you come back for interview in one hour!". Une entrevue pour obtenir un visa? On était trop surpris par ça pour rire du fait qu'il venait de m'appeler baby. ll y vraiment peu de gens intéressés à aller au Bangladesh simplement pour faire du tourisme, mais de là à les questionner un par un? Finalement, ça a été assez bref. Assis dans le bureau du commissaire, il a regardé nos applications puis a levé les yeux vers moi:
"- Food chemistry?
-Yes.
- Very good. You come back tomorrow 6PM to get visas."
Et voilà, c'était fait. Pas de question sur notre itinéraire, rien. Le lendemain, tel que prévu, nos visas étaient prêts.

Côté activités, on a adoré le centre des sciences de Calcutta. Étonnament bien fait et instructif, on y a passé plus de deux heures et on a manqué de temps! Des expositions sur la planète, les différents climats, les pays, les volcans, l'évolution... On a même vu un documentaire sur les dauphins, en Hindi par contre. Tout ce qu'on peut dire c'est que les images étaient belles! Sinon, on a pris plaisir à errer dans les jardins du Victoria Memorial et on a visité le planétarium. Honnêtement, la présentaton faisait un peu "scolaire", mais ça a passé le temps et la salle était climatisée! Bon, Calcutta a bien plus à offrir que ça, mais sachant qu'on allait repasser par là après le Bangladesh, on s'est laissé des choses à découvrir...

mardi 20 juillet 2010

Agra et Varanasi

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"Welcome Youppi! Welcome Youppi!"
me dit un Indien dans le train vers Agra. Eh non, il n'était pas en train d'exprimer son grand enthousiasme vis-à-vis notre arrivéee ou encore en train de faire allusion à notre célèbre mascotte... En fait, c'est "Welcome U.P.", soit ça façon à lui de nous souhaiter la bienvenue dans l'état de l'Utter Pradesh. On a bien ri!

Agra est pour nous un passage obligé dans le nord de l'Inde. Traverser le coin sans même s'arrêter pour visiter le Taj Mahal serait comme une offense à l'Inde, qui s'enorgueillit de possèder l'une des sept merveilles du monde. La merveille a un prix, bien sûr, et à 750 roupies l'entrée par personne (pour les étrangers), c'est le monument le plus cher à visiter de l'Inde! On a bien essayé de faire croire au préposé que nous étions Indiens, étrangement, il ne nous a pas cru! Ces derniers ne paient que 20 roupies l'entrée, ce qui est tout à fait comprenable... Il serait absurde que leurs propres monuments leur soient innacessibles. N'empêche qu'on a réussi à décrocher un sourire au préposé, qui comme la plupart des Indiens a les dents brunies par les noix de bétel et le tabac à chiquer. Parlant de roupies, c'est à Agra qu'un commerçant nous a fièrement annoncé que le gouvernement indien venait tout juste d'octroyer un symbole à la devise (roulements de tambour): Indian Rupee symbol.svg. La roupie indienne peut maintenant se tenir la tête haute à côté des $, ¥, € et £ de ce monde... Jusqu'à maintenant, les gens l'abbréviaient Rs, Re ou bien INR. Le fait de rejoindre la cour des grands est un signe de leur croissance économique...

Pour en revenir au Taj Mahal, d'une hauteur imposante et tout en marbre blanc, il est prestigieux. Quand on sait qu'il ne s'agit ni d'un palais, ni d'un temple, mais bien d'un mausolée, ça ajoute drôlement à la démesure! La visite nous a encore une fois rappelé que l'Indien est un être grégaire. Ils ont besoin de se rapprocher, de se coller... Il est impossible en Inde d'aller s'asseoir sur un banc déserté au fond du parc pour avoir un peu de quiétude, ils sont attirés comme des aimants! La notion de "bulle" est quasi absente, ou dumoins ils ont leur bulle très très proche de leur corps. Ils tiennent à nous aborder, même si ce n'est que pour nous sortir les quelques mots d'anglais qu'ils connaissent. Un homme nous a dit, le plus sérieusement du monde, "India is a country". Tiens donc, tu m'apprends quelque chose!

Dans Taj Ganj, le petit quartier routard autour du Taj Mahal, on se fait constamment interpeller dans le but de nous attirer vers un hôtel ou un restaurant... Ils sont probablement plus insistants que d'habitude, on est dans la basse saison en raison de la température chaude et humide. Malgré toute cette tempête de rabbateurs et de conducteurs de rickshaws assoifés d'argent, on réussit plutôt bien à rester calmes et sereins. Parce que l'Inde, c'est ça. Les enfants qui courent et s'attroupent autour de vous, sans compter les vaches, les bouses de vache, les odeurs, les mouches, les chiens et les cochons sauvages. On ne peut que prendre une grande respiration et accepter ce qui nous entoure. Autrement, on serait malheureux ici.

C'est donc fort de ces belles pensées et de nos 7 semaines d'expérience en Inde qu'on a pris le train vers Varanasi, la fameuse ville sacrée bordée par le gange. Une ville mythique, qui figure dans le "top 10 des villes à voir avant de mourir" de bien des voyageurs! On était très enthousiastes à l'idée d'idée d'y passer quelques jours... Malheureusement l'expérience a été négative pour nous. Je vous épargne les détails, on peut résumer en disant que chaque personne qui nous a abordé, sans exception, l'a fait dans le but de nous arnaquer. Par exemple, toutes les personnes à qui on a demandé des indications ont essayé de nous perdre.

Le soir venu, on a assisté à la Puja, une cérémonie traditionelle consistant, entre autres, en plusieurs chants sacrés et en l'offrande de la lumière au gange. C'était beau, c'était solonnel, mais il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas pour nous. On ne ne se sentait pas à notre place. C'est leur fleuve sacré. Leurs cérémonies. Tous ces touristes dans des petites embarcations sur le gange... Ça sentait le voyeurisme. Idem pour les crémations sur les ghâts (ces séries d'escaliers menant au gange). Pour les Hindous, incinérer un corps puis le jeter dans le gange est l'ultime façon d'en disposer, puisque l'âme du défunt échappe ainsi aux cycles de réincarnation et peut aller directement vers le nirvana. Mais que diriez-vous si de parfaits étrangers assistaient aux funérailles de votre mère? Qu'ils prenaient des photos du corps? On n'a pas du tout aimé l'ambiance qui y reignait. On ne ne sentait carrément pas à notre place. C'est sans mentionner l'horrible et inoubliable odeur de la chair humaine qui brûle.

Varanasi, c'est aussi tout ce qui dérange nos principes d'occidentaux en l'Inde, élevé à la puissance 12. Le bruit, partout, tout le temps. Les déchets, les crachats, les excréments d'animaux et d'humains qui jonchent les rues. La saleté du gange, hyper pollué, avec en prime des restes humains qui flottent (le bois pour les crémations coûte cher, et certaines familles ne peuvent pas se permettre d'en acheter assez pour brûler le corps au complet). Les Indiens qui s'y baignent allègrement, la bouche ouverte. Les cages à poulet dans la rue, les vaches dites sacrées attachées au même point des heures durant, laissées à elles-mêmes sans eau et pataugeant dans leurs excréments. Je ne sais plus combien de fois j'ai dû retenir mes élans d'activiste PETA et m'empêcher de libérer ces pauvres bêtes. Bref, une ville qui donne envie de sanglotter, recroquevillé sur le lit de sa chambre d'hôtel miteuse. On en a même carrément oublié de manger pendant plusieurs heures. Varanasi a eu raison de nous. On a craqué.

Après à peine 24h passées dans la ville, on a cédé à l'irrépressible pulsion de filler à toute allure vers la gare et de supplier le préposé de nous trouver un billet pour Calcutta. Nous avions déjà des réservations dans le train du lendemain au soir, mais 36h de plus dans ce foutu bordel étaient hors de question. Il nous a trouvé deux places dans un train qui partait quelques heures plus tard.

Il faut dire que même quitter Varanasi n'a pas été facile! En attendant le train à la gare, je bavardais avec une jeune Française pour passer le temps. C'était agréable, jusqu'à ce qu'un Indien s'installe à 2 mètre de nous et commence à se masturber. En plein jour, sur le quai! Pendant ce temps, Fred avait des démêlés avec un policier parce qu'il a osé pousser un homme qui lui marchait sur les pieds... Finalement, notre train a eu plusieurs heures de retard en raison d'un grave accident un peu au nord de Calcutta. N'empêche qu'on est drôlement contents de ne pas s'être retrouvés dans ce train-là. Ces accidents, qui sont plus fréquents en Inde qu'ailleurs, ce n'est rien de bien rassurant pour nous qui voyageons beaucoup par train... Il suffit de ne pas être au mauvais endroit au mauvais moment j'imagine. On ne peut quand même pas s'empêcher de voyager par peur de contribuer aux statistiques...

Heureusement qu'on a passé du bon temps ailleurs en Inde du nord, dont Varanasi n'est pas représentative du tout. Je voudrais quand même terminer cette entrée du blog sur une note plus positive. Le fait de passer à travers des moments difficiles nous fait vraiment réaliser la chance qu'on a d'être nés au "bon endroit". On prend pleinement conscience du confort qu'on avait dans notre chez-soi. On s'ennuie de nos draps propres, de Robin couché en boule à nos pieds, en ronronnant, de nos petits soupers sur le balcon, de faire la cuisine, de boire un bon verre de vin... et j'en passe. Tous ces petits plaisirs simples de la vie nous semblent tellement précieux maintenant! J'encourage tous ceux qui lisent ces lignes à prendre un moment dans leur journée pour réaliser à quel point ils sont chanceux. Regardez ce qu'il y autour de vous jusqu'à ce que vous ne puissiez vous empêcher de sourire...

lundi 19 juillet 2010

Le Rajasthan



Bien qu'on soit arrivés plus que 30 minutes d'avance à ce qu'on croyait être l'arrêt d'autobus de Dharamsala on a bien failli le manquer. Et pourtant, je suis aller voir le guichetier au moins trois fois pour diverses questions avant qu'il ne dise (traduction libre): ­­­"Le bus ne passe pas ici, il faut aller à la gare, c'est à deux minutes de marche par là. Ici, c'est juste pour acheter les billets." Ça fait pourtant une demi-heure que je fais le piquet devant sa fenêtre et c'est maintenant qu'il me dit ça! Il est 13h18, le bus part à 13h20.

Indians are always late. On nous a dit ça plusieurs fois. Les bus et les trains partent généralement à l'heure mais c'est en route que ça se gâte. Pathankot-Delhi, c'est le premier train de nuit qu'on prend et je n'étais pas tellement chaud à l'idée parce que j'entrevoyais un sommeil plutôt difficile mais au contraire, nous avons très bien dormi. Le départ était fixé à 22h30 et l'arrivée à 7h45, le temps d'une nuit et nous serions déjà à destination. Au réveil, nous avons vite réalisé que ça ne serait pas le cas. Le train est à l'arrêt depuis un bon moment et tout porte à croire que nous sommes encore loin de la grande ville. Un passager nous confirme qu'il reste encore 250km à faire. "Quoi, on est censé arriver d'une minute à l'autre!" Son voisin nous dit, question de nous achever: "c'est seulement 5-6h de plus". Ouf. En fait, le meilleur est à venir. Outre la pluie intermittente qui nous force à fermer les fenêtres et à suffoquer dans le wagon, il était un peu passé 18h quand le train a fait son entrée à la gare de Delhi, soit presque 12h de retard sur un trajet de 9h... Disons que la journée a été longue. Le plus beau dans cette histoire c'est la sagesse avec laquelle tous les indiens présents ont pris la situation. Personne ne s'est plaint. Ils ont attendu patiemment en bavardant, lisant ou simplement fixant au loin sans le moindre signe d'exaspération, sans demander d'explication. J'essaie d'imaginer la scène avec un train rempli d'occidentaux. L'impatience aurait été palpable.

La troisième partie de ce périple qui devait nous mener à Jaipur s'est aussi avérée plus longue que prévue, mais volontairement et à notre avantage cette fois-ci. Encore un train de nuit, l'heure d'arrivée à Jaipur était fixée à 2h30 AM et cela ne nous convenait pas du tout. Pour toutes les raisons du monde, arriver dans une ville inconnue en pleine nuit n'est pas idéal et mène rarement à une expérience positive. Comment s'en sortir? Simple, continuer vers la ville suivante. Juste avant l'embarquement, nous avons constaté que le train se dirigeait vers Jodhpur (la prochaine sur notre itinéraire) en passant par Jaipur. N'ayant pas le temps de faire changer notre billet, il ne nous restait plus qu'à convaincre le contrôleur de nous laisser aller jusqu'au bout... sans payer plus. Grâce à son beau sourire, Joëlle a réussi le tour sans problème: "Mais monsieur, vous savez, Jaipur, Jodhpur, pour nous, c'est pareil. On s'est trompé en réservant...". "Ok, no problem, sleep well".

Jodhpur, la ville bleue. Elle est appellé ainsi car la majorité des maisons sont peintes de cette couleur qui est bleu lavande plus précisément. Il y a longtemps, la couleur était réservée aux maisons des Brahmans, pour les distinguer. La ville est donc très jolie... vue du fort. Autrement, lorsque l'on navigue à travers les rues étroites et poussiéreuses, on peut dire qu'elle ne présente aucun charme particulier. Les habitants semblent blasés et les commerçants sont particulièrement insistants, surtout les marchands d'épices. Je ne sais pas si vous êtes comme nous mais quand on se fait aborder par un parfait inconnu qui dit: "Hey, my friend!", ça ne nous met pas dans les meilleurs prédispositions. Et ces vendeurs sont omniprésents. Les épices proviennent de plusieurs états de l'Inde et la ville de Jodhpur semble être une plaque tournante de son commerce. Le choix est énorme mais bien vite, on remarque que le safran est sans conteste l'épice la plus prisée de toutes. On nous l'offre partout même par les vendeurs ambulants, comme si c'était de la crème glacée.

Le fort a été le seul attrait à valoir une visite et celle-ci fut fort intéressante grâce à un audio-guide très bien réalisé et disponible en français s'il-vous-plait. La forteresse, achevée en 1459, a pour nom Mehrangarh. Elle a été habitée par les maharajas (les rois de cette partie du monde) jusqu'au début du 20e siècle. Voilà, c'est tout. Non, en fait, il y a beaucoup plus mais je vous laisse faire vos recherches si ça vous intéresse car ceci n'est pas un cours d'histoire...

Après un très bref séjour à Jodhpur, 24h nous aura suffit, nous avons pris la direction de Jaisalmer. Juste le nom me mène à penser que l'endroit est mythique. La ville, construite elle aussi autour d'une forteresse, est située en plein milieu du désert du Thar. Pour ajouter au charme, elle est encore habitée et c'est un plaisir que d'aller se perdre dans ses dédales de ruelles. On peut facilement s'imaginer comment les gens y vivaient autrefois, il y a plus de 500 ans! Autres faits à noter, Jaisalmer est beaucoup moins grande et peuplée que Jodhpur et les gens sont plus gentils. En plus, nous avons le plaisir de tomber sur le plus bel hôtel qu'on ait pu imaginer... pour notre budget. Le proprio a tout fait pour rendre notre séjour agréable ce qui est malheureusement assez rare sur notre chemin, la plupart se contentant de faire le minimum. C'est aussi lui qui a organisé notre safari à chameau.

L'affaire fut beaucoup plus facile à négocier que le trek au Ladakh (oui, celui auquel on n'a finalement pu prendre part, merci de me le rappeler). Il nécessite aussi moins de ressources: 24h, 2 guides, 4 chameaux, 3 repas et des couvertes. Pas de tente? Non monsieur, on dormira à la belle étoile, sur une dune de sable de surcroit. Partis en milieu d'après-midi, le périple a commencé par la visite d'un temple jain d'une grande beauté certe mais dénué d'intérêt. Rien à faire, peu à voir et y'avait pas un chat. Désert et c'est le cas de le dire. Une demi-heure plus tard, nous arrivons à la rencontre de nos guides et chameaux. Première constatation, c'est grand un chameau. Ensuite, la simple motion du chameau qui se lève quand on est assis dessus nous procure des sensations dignes de montagnes russes. La marche, elle, est un peu plus saccadée qu'à cheval. Et c'est ainsi que nous nous sommes enfoncés dans le désert en direction des "Dunes Royales". En arrivant à destination, une 2e constatation nous vient à l'esprit. C'est exigeant faire du chameau. J'en ai mal partout! Pour ma part, c'était comme faire le grand écart et se faire pousser par en avant, par en arrière en alternance et devoir garder son équilibre pendant 3h. Joëlle a été plus à l'aise que le vieux Fred. Donc, une fois sur place, tout ce qu'il nous restait à faire c'était de profiter du paysage pendant que nos deux guides s'affairaient à préparer le repas (très bon d'ailleurs). Après le souper, nous avons bavardé en admirant un ciel étoilé des plus lumineux que j'aie vu de ma vie. Incroyable la quantité d'étoiles qui tapissaient cette toile au fond bleu indigo. De toute beauté. Plus tard dans la soirée, les choses se sont mises à moins bien aller pour votre couple en cavale favori. Déjà durant la journée, le vent soufflait très fort ce qui nous donnait l'impression qu'il faisait moins chaud que le thermomètre ne l'indiquait. Maintenant que nous avions à passer la nuit dehors, c'était moins plaisant. Selon le guide, nous ne pouvions rester derrière le buisson où nous avons mangé car, petit détail, il y avait trop de risque de se faire piquer par un scorpion. "Eh pardon, il y a des scorpions ici? Oui, il faudra aller un peu plus haut là-bas." Ce qui voulait dire au pic d'une dune où le vent souffle le sable dans tous les sens et nous le renvoie directement au visage. Je l'entends presque nous dire: "vous n'avez pas d'affaire ici!" Pas besoin de vous dire que le sommeil a été assez difficile à trouver pendant qu'on était, petit à petit, ensevelis sous le sable qui trouvait son chemin jusqu'à l'intérieur de nos oreilles et nos narines. Nous n'avions qu'une petite couverture chacun pour nous couvrir et empêcher que le vent fasse de nos corps de nouvelles dunes à nos effigies. Au réveil, bizarrement, on ne se sentait pas si amochés. Heureusement car le 2e jour de balade allait être de loin plus exigeant que la veille. Un mille à chameau, ça use, ça use... Nous sommes arrivés à l'oasis, un vrai mirage, (destination de la 2e journée) en petits morceaux, complètement épuisés. Pire qu'un 100km de vélo, je n'en reviens tout simplement pas à quel point c'est dur de tenir là-dessus pendant des heures. Malgré tout, nous n'avons aucun regret et nous en garderons de beaux souvenirs pour toujours. La chance de faire une randonnée à chameau (camel safari comme ils l'appellent ici) ne se présente pas souvent et nous nous considérons privilégiés d'avoir pu en profiter. Nous pouvons maintenant nous vanter d'avoir dormi dans le désert en pleine tempête de sable! Merci donc à Isaac et Pusha, nos deux guides, ainsi qu'à Johnny Walker, Rocket, Papou et Lalou, nos quatres chameaux que nous avons (pour l'anecdote) rebaptisés Edgar, Barnabé, Gustave et Albert.

Jaipur. Aprés avoir conquis (et été conquis) par la belle Jaisalmer, nous voici de retour à la porte du désert, là où nous sommes passés en train au milieu de la nuit quelques jours plus tôt. Rien de particulier à raconter de notre séjour ici, plusieurs monuments nous ayant laissés sur notre faim. Pourtant, rien que leur nom nous laissait présager des visites intéressantes. Premier arrêt, le Jantar Mantar est un observatoire astronomique construit au 17e siècle et est composé de quelques dizaines d'instruments ressemblant à des sculptures. Cadrans solaires, disques solaires, éclipses, azimuts, etc. J'avoue que j'en ai perdu des bouts. Les quelques pancartes explicatives ne nous étaient pas très utiles et nous mélangeaient plus qu'autrement. Écrites dans un anglais pourri, je soupçonne quelques difficultés de traduction à partir de l'Hindi.

Ensuite, nous nous arrêtons au Hawa Mahal ou palais des vents. Pas tout à fait un palais, il permettait aux femmes du harem du Maharaja d'observer la rue sans être vues (très important à l'époque, 1799) tout en profitant de courants d'air frais. Ces courants d'air sont supposément accentués par la forme et la taille des murs et des fenêtres. L'immeuble est très large mais ne fait que 2 ou 3 mètres de profondeur.

Un peu plus tard, nous nous sommes rendus au Surabhi Mansion qui est en fait le musée des turbans. Le nom le dit, la seule chose à voir ici est une collection d'une cinquantaine de turbans venant des quatres coins du pays posés sur des têtes en plastique blanc et accompagnés d'une très brève description. Pour tout dire, l'objet le plus intéressant du musée (et ça n'a rien à voir avec les turbans) est une affiche géante décrivant les différences entre l'éléphant d'Afrique et l'éléphant d'Asie. Fascinant.

Enfin, dans les environs de Jaipur, nous avons visité le palais d'Amber et la forteresse Jaigarth mais je ne rentrerai pas dans les détails parce que je ne voudrais pas vous décourager de lire les prochaines entrées de notre blog. De notre côté, il est devenu assez lassant de visiter des forts qui tombent en ruine. Ironiquement, en arrivant à Agra un vendredi, jour où le Taj Mahal est fermé, il ne reste qu'une attraction touristique à visiter. Le fort d'Agra.

lundi 5 juillet 2010

Manali et Dharamsala





Avant de vous parler de Manali, il faut absolument glisser quelques mot sur la route qui la sépare de Leh. Ce chemin escarpé à une seule voie, que les Indiens osent qualifier d'autoroute, est le deuxième plus haut au monde. Il traverse quatre cols majeurs, oscillant entre 4000 et 5300m d'altitude. Évidemment, en raison de la neige, il n'est habituellement ouvert que de juin à septembre.

Quand est venu le moment de quitter Leh, fidèles à nos habitudes, nous avons pris le chemin de la station de bus pour réserver nos billets dans celui le moins cher, avec les habitants de la place. Surprise! Même si nous étions presque en juillet, le chemin était encore trop abimé et boueux pour être ouvert aux autobus. Notre seule option pour franchir ces montagnes demeurait le minibus, rempli de touristes et beaucoup plus cher.

Avec un départ à 3h30 le matin et une arrivée à 22h00, la route est longue et épuisante mais combien impressionante! Il est bien vrai qu'un autobus n'aurait jamais pu passer à travers. À certains endroits, la route est crevassée et le chauffeur doit faire un détour off-road pour la contourner. C'est à un de ces endroits que nous nous sommes enlisés dans la boue jusqu'à la moitié de la roue! Plus tard, un peu plus loin devant nous, un minibus venant en sens inverse s'est coincé dans des roches sur la route maintenant devenue ruisseau. Toutes ces péripéties nous ont permis d'observer un altruisme inné chez les Indiens. Peu importe la situation, il y a toujours quelqu'un pour arrêter, sortir des câbles et essayer de le tirer d'affaire!

Manali est entourée de collines recouvertes d'immenses cèdres. Sa large rue principale est exclusivement piétonnière. La ville, hyper touristique, est sans réel intérêt pour nous. Le petit temple hindou Hadimba, au sommet d'une colline, est entouré d'une véritable foire: des manèges, des jeux d'adresse, la possibilité de se faire prendre en photo avec des gros lapins blancs et des yaks imposants au poil bien brossé... Les touristes indiens sont friands de ce genre de chose. Avec la classe moyenne qui s'élargit, l'accès au voyage se démocratise. Après l'American dream, on sent naître une sorte d'Indian dream! Ils sont de plus à plus nombreux à vouloir et à pouvoir s'offrir jeans, téléphones cellulaires, écrans géants et autres produits de luxe.

Nous avons profité du beau temps pour rayonner aux alentours. Au village de Vaschisht, à 4km de Manali et à flanc de montagne, il existe des sources thermales. Je ne sais ce qui nous est passé par la tête, mais nous imaginions ça dans la nature, une sorte de gros ruisseau entre les roches... Rien n'est plus faux! Il s'agissait de deux immenses bains, un pour chaque sexe, entourés de grands murs contre les regards indiscrèts. L'eau était si chaude que les gens n'osaient y tremper que le bout des orteils! Peu importe, c'était le prétexte pour une belle promenade. En y allant, il y a même deux personnes qui m'ont mis leur bébé dans les bras pour nous prendre en photo!

En allant réserver nos billets de train pour Jaipur, une semaine à l'avance cette fois-ci pour être bien certains d'avoir des places, on se heurte à un principe indien qui nous donne encore bien du fil à retorde: l'absence de files d'attente. Ici, c'est l'entonnoir qui est privilégié. Bref, ça joue du coude, ça se colle et ça essaie constamment de dépasser sans aucune gêne. Une fois rendus au guichet, nous commençions notre transaction avec le préposé quand un homme vient carrément se mettre devant nous en glisse sont billet sous la vitre. Nous le repoussons avec nos bras et lui disons gentiment mais fermement que nous étions là avant lui! Il s'énerve dans sa langue, l'air de vouloir dire " Ben là, ça sera pas long, juste une petite transaction...". Soudainement, plusieurs autres Indiens derrière nous se mettent à lui répondre, à l'engueuler, le repousser gentiment... Ils prenaient pour nous! Le pauvre n'est même pas alllé à la fin de l'entonnoir, il est reparti.

Le trajet vers Dharamsala a lui aussi été particulier, non pas à cause de la route elle-même mais bien en raison d'une succession d'évènements innatendus. Pour faire une histoire courte, nous avons manqué le bus de jour, et il nous a donc fallu prendre le bus de nuit. Celui-ci, après une heure de route, fait une crevaison. On comprend rapidement qu'il n'était pas muni d'une roue de secours, et qu'il nous faut donc attendre qu'un autre autobus viennent nous chercher. On reprend la route et on finit par somnoler un peu, jusqu'à ce que le bus s'arrête à un point de contrôle. Ceux-ci sont nombreux sur les routes en Inde; il suffit de montrer son passeport et son visa, de remplir quelques documents... Le tout étant habituellement fait dans une ambiance tranquille. Les officiers, bien conscients de la lourdeur inutile de toute cette paperasse, ne font qu'appliquer les ordres qu'ils ont reçus. Ceux-ci bavardent habituellement avec nous, nous questionnent sur notre vie dans notre pays... Il y en a même un qui nous a offert le thé une fois! Par contre, cette fois-ci, tout semblait bien plus sérieux. 3h00AM, deux officiers munis de lampes de poches sont entrés dans le bus, dans lequel nous étions les seuls occidentaux. Immédiatement, ils nous pointent et nous disent "You two, luggage check!" sur un ton qui n'entend pas à rire. Nous voilà donc dehors, à côté de nos sacs à dos dont le contenu se retrouve rapidement éparpillé sur la route. Les officiers fouillent et fouillent encore... ils cherchent clairement quelque chose. C'est là qu'on se souvient qu'on a mis nos bagages en consigne à la station de bus de Manali pour la journée, histoire de pas être encombrés. Que le préposé nous a demandé quel bus on prenait. Qu'on n'a pas revérifié nos sacs en les reprenant... On se met à imaginer des histoires tordues dignes d'Hollywood. Manali est la plaque tournante du trafic de drogue dans la région. Et si quelqu'un s'était servi de nous comme d'une mûle? Que son complice nous attendait à Dharamsala? Heureusement, les officiers n'ont rien trouvé. Ils se sont pourtant longuement attardés à nos comprimés de Tylenol... Plus de peur que de mal.

Arrivés à Dharamsala vers 4h30, la ville est endormie. Les autre passagers semblent tous avoir un endroit où aller. Les quelques personnes croisées nous disent qu'il est inutile de chercher une chambre avant 7h00, que personne ne nous répondera, la ville est sous couvre-feu. On doit donc se résoudre à dormir quelques heures sur les bancs de la station de bus. Soudain, un homme qui errait aux alentours s'approche de moi avec une boîte de carton. Intriguée, je me rasseois. Il la défait et la déplie soigneusement, puis l'installe sur mon banc. Il me dit que ce sera plus confortable comme-ça! Je suis bouche-bée. Je n'en reviens pas qu'un parfait inconnu se préoccupe autant de mon bien-être. Ce n'était manifestement pas sa première nuit dehors lui...

Dharamsala est la terre d'exil du Dalaï Lama et du gouvernement tibétain depuis l'invasion par les Chinois en 1959. Évidemment, un peu comme à Leh, l'influence tibétaine se fait sentir et on ne s'en plaint pas. Ce sont des gens paisibles, pacifistes, souriants et la gastronomie tibétaine se défend bien. Connaissez-vous les momos, ces succulents beignets aux légumes, frits ou cuits à la vapeur? Miam.


Il y a quelque chose de solonel dans l'ambiance de la ville; comme si tous se rapellent qu'ils sont ici par défaut, parce que leur terre natale est sous le joug chinois. Fred et moi avons pu nous renseigner davantage sur leur histoire au Tibet Museum. Il s'agit d'un conflit effrayant, et malheureusement toujours actuel, où les droits de l'homme sont gravement bafoués. Au musée, un film touchant relatait l'histoire de Tibétains ayant fui avec succès pour rejoindre le Népal. Cette épopée d'une trentaine de jours de marche, par-dessus la chaîne Himalayenne, était tout aussi meurtrière que les armes des soldats pour ces Tibétains peu équippés. Ceux qui la complétaient gardaient bien souvent en souvenir l'amputation de quelques orteils en raison des engelures.


Le jour de notre départ, c'était le 75e anniversaire de naissance du Dalaï-Lama. Après s'être levés tôt pour aller assister brièvement aux festivités sous une pluie torrentielle, nous avons choisi de rentrer. Il y avait une foule ahurissante! Le Dalï-Lama est toute une vedette. Par contre, avec son âge avancé et son successeur, le Panchen lama, toujours sous l'emprise des Chinois, l'avenir du leader spirituel des bouddhistes tibétains est incertain. Ces derniers, toutefois, restent optimistes comme en témoignent les nombreuses citations affichées au musée. On leur souhaite tous des jours meilleurs...