Nous avions plutôt hâte à l'idée de visiter cette ancienne colonie française: sa réputation la précédait. Ambiance coloniale et petits cafés à l'européenne, tous les ingrédients semblaient y être pour faire de notre séjour là-bas une étape hors du commun en Inde du sud. Arrivés à "Pondi", il pleut à boire debout. On se résigne à prendre un rickshaw, un peu à contrecoeur comme d'habitude, car on commence à développer une profonde aversion envers ce type de transport, les chauffeurs plus particulièrement.
Une grande proportion des voyageurs en Inde sont Français, et on comprend donc que ceux-ci soient intéressés par Pondi. En raison de l'affluence, l'hébergement est surévalué, et de beaucoup. En Inde, la corrélation entre le prix et le produit ou le service reçu est ridiculement aléatoire. Pour le même montant, on peut aussi bien se sentir dans un 3 étoiles que dans une usine désafectée. Ça dépend des villes. Je vous laisse deviner à quoi ressemblait notre chambre ici. Pour ajouter à notre bonheur, le taux d'humidité avoisinait les 100%. Juteux.
Il est vrai que l'on puisse se sentir en France en sillonant les rues en échiquier de la vieille-ville. Calmes, assez étroites, elles sont bordées de jolies façades et de plate-bandes. Par contre, on n'a qu'à remonter la rue principale pour revenir en Inde. Bruyante, grouillante de monde et encombrée de kiosques cordés les uns contre les autres, non, nous ne sommes pas à Paris. En fait, depuis 1956, la ville "s'indiennise" et il ne reste, à part quelques cafés et boulangeries, plus grand chose de français ici (il y aurait encore quelques Indiens parlant la langue...). Ce qui est d'autant plus dommage qu'il n'y a pas grand chose de spécial à voir à Pondichéry. Heureusement, la promenade est beaucoup plus agréable que dans les autres villes de l'Inde grâce à une atmosphère dynamique, un parc bien entretenu et un boardwalk sur le bord de la mer (pas de plage par contre). Petite mention au sujet du nom de la ville, elle s'appellait Pondicherry jusqu'en 2006, année où on lui a redonné son nom d'origine d'avant la période coloniale, Puducherry.
On dit que c'est surtout l'ashram de Sri Aurobindo, un philosophe et écrivain spiritualiste qui attire les foules à Pondi. En effet, Aurobindo Ghose, né en 1872 à Calcutta est un poète dont l'héritage est encore très présent dans la ville. Il a été professeur, politicien et est reconnu pour avoir développé une nouvelle approche du yoga, dite "intégrale". Avant de se lancer corps et âme dans son "travail intérieur", il aurait été poursuivi par les Anglais pour ensuite passer un an en prison. Il écrira beaucoup sur la manière de vivre, de voir le monde, d'approcher le divin, etc. et ce sont ses réflexions qui attirent bon nombre de disciples. Outre séjourner à l'ashram, un petit musée est à la disposition du commun des mortels qui comme nous, ne souhaite pas se lancer dans la méditation mais plutôt satisfaire leur curiosité.
Les écrits de Sri Aurobindo ont fait du chemin, même après sa mort. En 1968, la région voit la naissance d'une ville concept, dite "cité expérimentale", appelée Auroville. Initié par une fervente fidèle, ce projet se veut un endroit (utopique, vous en conviendrez) où tous peuvent se réaliser dans un environnement commun qui appartient à tout le monde et où chacun contribue selon ses compétences. Tous les besoins seront comblés par des activités agricoles, d'artisanat, de développement d'énergie, de services financiers, etc. Comment se débrouillent-ils financièrement? En fait, un individu qui souhaite s'y établir fera une contribution initiale et achètera ensuite son terrain et une maison. Ce sont ensuite les revenus des diverses activités qui seront réinvestis dans la communauté.
Nul besoin de vous dire que le succès de ce projet n'est pas celui escompté. Sur une prévision de 50 000 habitants, seulement 1 600 y sont établis en permanence. C'est l'État indien qui aurait prit en charge une partie des dépenses. On s'aperçoit que l'organisation est devenu beaucoup moins spirituelle avec le temps, et les accusations de sectarisme pleuvent sur Auroville.
Les écrits de Sri Aurobindo ont fait du chemin, même après sa mort. En 1968, la région voit la naissance d'une ville concept, dite "cité expérimentale", appelée Auroville. Initié par une fervente fidèle, ce projet se veut un endroit (utopique, vous en conviendrez) où tous peuvent se réaliser dans un environnement commun qui appartient à tout le monde et où chacun contribue selon ses compétences. Tous les besoins seront comblés par des activités agricoles, d'artisanat, de développement d'énergie, de services financiers, etc. Comment se débrouillent-ils financièrement? En fait, un individu qui souhaite s'y établir fera une contribution initiale et achètera ensuite son terrain et une maison. Ce sont ensuite les revenus des diverses activités qui seront réinvestis dans la communauté.
Nul besoin de vous dire que le succès de ce projet n'est pas celui escompté. Sur une prévision de 50 000 habitants, seulement 1 600 y sont établis en permanence. C'est l'État indien qui aurait prit en charge une partie des dépenses. On s'aperçoit que l'organisation est devenu beaucoup moins spirituelle avec le temps, et les accusations de sectarisme pleuvent sur Auroville.
Alors, on y va ou pas? Oui, Auroville est ouverte au tourisme et contient plusieurs sympathiques Guesthouses sur son territoire. On a jonglé longtemps avec l'idée avant de rencontrer deux touristes françaises qui n'ont pas du tout aimé leur expérience là-bas. Disons que leurs commentaires n'étaient pas des plus positifs. Bref, il fallait faire un choix et basé sur ce qu'on éprouvait pour les endroits dédiés au culte, nous avons préféré passer notre tour.
En terminant, nous aimerions vous faire part d'une observation: à force de voir des graffiti de croix gammées et des symboles du communisme un peu partout, on se posait des questions. Saviez-vous que la fameuse "étoile nazie", qui se nomme en fait Swastika, est un des plus anciens symboles de l'humanité et est largement utilisée par les bouddistes, les hindouistes et les jains? On la retrouve partout en Inde, et elle est loin d'évoquer la connotation nazie qu'on lui porte en occident! Le terme signifie, sans s'y limiter, "bon signe" ou "ce qui porte chance". Dommage que les nazis se la soient appropriée...
Pour ce qui est de la faucille et du marteau, qu'on associait à la Russie, sans trop savoir, l'histoire est un peu différente. En fait, il s'agit du symbole communiste, et non russe. Nous avons appris qu'officiellement, il existe deux tels partis en Inde. Ses militants peinturent donc le symbole un peu partout, en espérant rallier d'autres adhérants. Il faut rappeler qu'ici, plusieurs personnes ne savent pas lire. Il est évidemment difficile d'obtenir des statistiques justes sur le sujet, mais la plupart des sources récentes s'entendent pour situer le taux d'analphabétisme aux alentours de 40% malgré les progrès faits dans les dernières années. Comme quoi un symbole rejoint toujours plus de gens qu'un slogan!
Yay! J'avais bien hâte de lire la suite de votre périple! Dans ce texte, l'atmosphère me semble bien différente des autres endroits visités. C'est intéressant l'explication de la croix gammée et vraiment dommage que les nazis se la soient appropriée. Je crois que j'aurais un peu fait ma vierge offensée en voyant ces graffitis.
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