mardi 25 janvier 2011

Manjimup et Pemberton


Quand on a pris la décision de partir pour l'Australie, on savait que ça impliquerait de changer drastiquement notre façon de voyager pendant quelques semaines. Avec le coût de la vie élevé et les distances énormes, on ne peut pas continuer à être indépendants comme en Asie. Après s'être accordé un répit d'une semaine à Perth et à Margaret River, nous étions prêts à entrer dans le vif du sujet: on est partis pour trois semaines travailler en campagne, dans une Australie décidément plus rurale que ce que nous en avions vu jusqu'à présent.

Afin de vivre à fond l'Australie, quoi de mieux que de passer ses journées à travailler dehors et à échanger avec des Australiens? Le programme de WWOOFing (Willing Workers On Organic Farms) met en contact des hôtes qui font de l'agriculture biologique et de jeunes voyageurs paumés comme nous. Le concept est simple: on travaille pour eux pendant cinq heures chaque jour, en échange de l'hébergement et de trois repas. Il n'y a donc pas d'argent impliqué, ce qui place les deux parties sur une base d'égalité et crée une situation gagnant-gagnant avec un fond amical.

C'est une expérience hors du commun. Honnêtement, on croyait avoir vécu des situations où l'on se jette vers l'inconnu en Asie, mais donner rendez-vous à de parfaits étrangers dans une station d'autobus pour les suivre et subitement partager tous leurs repas et leur quotidien, c'est déstabilisant. Ça veut dire apprendre à briser la glace rapidement et sortir drastiquement de sa zone de confort. Heureusement, les gens qui adhèrent à ces programmes et recherchent l'aide des wwoofers sont habituellement ouverts d'esprit et sociables.

Notre premier arrêt s'est fait chez la famille Herriot, qui possède un vignoble à Manjimup, un village de 4000 habitants. On a tout de suite connecté avec Yvonne, John et leur petite fille Lexi, 6 ans, qui nous ont vraiment bien reçus dans leur somptueux domaine. Ça a été un séjour tellement satisfaisant! On a travaillé avec les vignes mais aussi dans d'immenses potagers et avec les poules et les cochons. C'est vraiment agréable d'être tout le temps à l'extérieur, ça nous a presque donné envie d'avoir une ferme plus tard! De la bonne bouffe, de l'excellent vin et des discussions intelligentes et variées tous les soirs: nos dix jours sur le vignoble ont passé à la vitesse de l'éclair.

Nos seconds hôtes habitent à Pemberton, à 30 kilomètres de Manjimup. Un village encore plus petit, avec seulement 757 habitants. Cette fois-ci, c'est la famille Jones qui nous reçoit: Kevin, Bianca et leur fils Jasper, 7 ans. Ils vivent selon des principes s'apparentant à la simplicité volontaire dans une maison construite entièrement par Kevin. Ils boivent l'eau de pluie, ont des poules pondeuses ainsi qu'un immense terrain où ils cultivent fruits, légumes et fines herbes dans le but d'être auto-suffisants, dans la mesure où c'est possible. Bien qu'on ait des idéaux différents, ça a cliqué avec eux. On s'est joint aux trois jeunes (un Japonais et un couple d'Italiens) qui étaient déjà sur place pour prendre part à diverses tâches, comme planter de la coriandre, étendre du compost, transporter du bois ou encore sceller les parois d'un étang artificiel avec de l'argile.

Kevin et Bianca sont des gens créatifs, ils sont respectivement professeurs de musique et d'arts à l'école du village. Chez eux, on ne s'ennuie jamais: on a fait des sculptures en argile, joué du ukulélé et jonglé avec des bâtons en feu. Ils ont un même trapèze dans leur salon! Fred a également eu l'occasion d'apprendre à Jasper à faire du skateboard.

Coup du hasard, ils avaient l'intention d'aller visiter de la famille à Perth la même fin de semaine que celle où nous partions. On a pris la route avec eux, à bord de Wandering Wanda, un minibus qu'ils ont transformé en véritable petite maison-mobile pour faire le tour de l'Australie. Ça avait un petit côté pittoresque! On a passé la nuit à camper à Belvidere, près de Bunbury. On s'est endormis en regardant la lune et on s'est réveillés avec deux kangourous tout près de la tente. Magique!

mardi 18 janvier 2011

Perth et Margaret River


Ne courez pas chercher votre encyclopédie, on le sait, l'Australie ne fait pas partie de l'Asie. On était tout près, on n'a pas pu résister... À vrai dire, on avait besoin d'une coupure au milieu de notre périple. Une petite pause bien méritée après sept mois d'errance! On ne vous apprendra rien en avançant que l'Asie, c'est dur. On vit des moments extraordinaires, mais on est également exposés à beaucoup de pauvreté et de misère humaine, ce qui génère inévitablement une certaine lourdeur sur le moral. Alors voilà! On a sauté dans un des vols à prix coupés d'Air Asia en direction de Perth, avec l'objectif de passer un mois sur un autre continent, dans un pays qui détone largement de ceux visités jusqu'à présent. On n'en appréciera que davantage les trois derniers mois du périple, où l'on vise la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie avant de rentrer au bercail le 28 avril prochain.

En arrivant à Perth, principale ville de l'ouest du pays, on a vécu un véritable choc culturel à l'envers. On n'avait pas vu de feux de circulation, de trottoirs, de centre-ville depuis si longtemps. La ville est tellement belle, propre et organisée! De plus, hémisphère sud oblige, il fait clair tard et on est en plein été. Il n'y a que la température qui n'a pas changé depuis le Cambodge donc, le mercure oscillant toujours autour de 35o.

Autrement, étant donné le coût de la vie, il nous faut modifier nos habitudes pour réussir à joindre les deux bouts avec un budget journalier prévu selon des standards sud-est asiatiques. On doit prendre des lits en dortoir, pour environ six fois le prix d'une chambre double au Cambodge. On fait l'épicerie et on prépare tous nos repas. Ça, ça fait du bien! Cuisiner nous manquait énormément. Étrangement, bien qu'on ait pris plaisir à se préparer des repas plus occidentaux au début, on a rapidement eu envie de se faire du cari!

Atterrissant le 26 décembre au matin, on a profité du boxing day à Perth pour rafraîchir notre garde-robe de voyage, qui, avouons-le, en avait bien besoin. Les jours suivant nous ont permis de voir nos premiers kangourous et de compléter une superbe randonnée à vélo, avant de mettre le cap sur Margaret River, quelques 300 kilomètres plus bas. C'est une petite ville à vocation touristique à environ dix kilomètre de la côte, où on a pu faire le vide avec une agréable routine de vélo-plage-dodo. On a quand même célébré le nouvel an en se faisant un vin-fromage, mais on s'est endormis avant le décompte, qu'on a repris le lendemain, treize heures plus tard, à l'heure de Montréal. On en profite d'ailleurs pour vous remercier de nous avoir suivis en 2010 et on vous souhaite tous une excellente année 2011!