lundi 28 juin 2010

Leh: Zoom sur la culture Ladakhi





Ce charmant Ladakh! La capacité qu'a ce peuple à vivre perché dans les montagnes, dans la région habitée la plus haute au monde (un groupe de montagnes où le climat aride n'offre qu'une dizaine de centimètres de pluie par année) est phénoménale. Ce peuple qui sort de l'ordinaire méritait définitivement une entrée de blog à lui-seul.

Évidemment, vous vous en doutiez, la langue de la région est le Ladakhi. La première chose qui frappe est que les Ladakhis utilisent un seul et même mot pour dire bonjour, bonsoir, aurevoir, merci et bienvenue: "Julleh!". Cette région est tout près du Tibet, et ça se sent : les gens ont le visage plus rond, ils transportent leurs provisions dans des cônes en osier accrochés sur leur dos et des drapeaux multicolorent de prières bouddhistes ornent les maisons. D'ailleurs, chaque village a son propre monastère. Nous avons eu la chance d'aller visiter celui d'Hémis en plein pendant le festival lamaïque "Hemis Tse-Chu" (les photos au début de ce texte). Une fois par année, les bouddhistes de la région célèbrent la victoire du bien sur le mal et se souhaitent un avenir prospère et heureux. La richesse des masques et des danses était réellement à couper le souffle et le monastère débordait tellement il était rempli (les Indiens ne semblent pas se précoccuper des notions d'occupation maximale et de sortie de secours)! On sent bien l'importance de la religion chez les Ladakhis. D'ailleurs, chaque famille a au moins un membre qui y consacre sa vie et habite dans un monastère.


On retrouve également des Stupas un peu partout, petit monument en forme de demi-sphère, comme symbole de l'interdépendance et de l'unité de tous les élements: l'eau, la terre, les végétaux, les animaux et l'Homme. La relation des Ladakhis avec la planète est exemplaire. Les communautés traditionnelles réutilisent la totalité de leurs ressources et n'ont pas la notion de déchet. Elles reposent sur une économie de petite-échelle, où chaque habitant dépend des autres. Les tâches quotidiennes sont accomplies en rotation. Ainsi, selon la journée de la semaine, une même personne peut tisser, cuisiner, s'occuper des troupeaux ou encore de l'irrigation des champs. De quoi briser la routine! La famille est évidemment tissée serré. Tous les membres vivent sous un même toit, et chacun contribue à la construction, la rénovation et l'entretien de la maison. Les Ladakhis ont aussi une vision plus moderne des relations homme-femme. Surprenament (on est quand même en Inde!), ceux-ci acceptent le divorce. En fait, il suffit d'offrir un yak ou un cheval à l'autre, en guise de dédommagement. Essayez ça à Montréal!

Toutefois, depuis l'ouverture du Ladakh au tourisme en 1974, les choses ont bien changé, surtout dans la ville principale, Leh. À 3500m d'altitude et pratiquement innacessible par la route l'hiver, Leh est prise d'assaut par les touristes l'été. L'exotisme des montagnes, le trek, le charme tibétain... tant de raisons qui font en sorte qu'on a vu davantage d'occidendaux dans cette ville qu'ailleurs. On ne les blâme pas, l'endroit est vraiment charmant, mais certains semblent oublier que venir dans un endroit aussi reculé va inévitablement de pair avec certains sacrifices. Ainsi, à chaque jour, des centaines de camions approvisionnent Leh avec le nécessaire... et le superflu. Des innombrables camions-citerne transportent des milliers de litres d'essence afin de faire fonctionner les bruyantes génératrices de la ville afin que les touristes capricieux puissent avoir leur bonne douche chaude. Évidemment, les pannes de courant sont fréquentes mais selon nous, cela fait partie du charme de l'éloignement. Pourquoi voyager aussi loin si c'est pour réclamer les mêmes commodités que chez-soi? Il n'est pas désagréable de souper à la chandelle... et une douche chaude est un luxe que la grande majorité des Ladakhis ne connaissent pas.

Le bilan est troublant: tant le ciel que le sol de Leh sont pollués. Les systèmes d'égoût ne suffisent pas à remplir la demande, et déversent leur contenu directement dans les ruisseaux sans filtration préalable. Les importations massives font fluctuer le prix des denrées sur le marché, phénomène auquel les Ladakhis ont dû mal à s'ajuster.

Ces réflexions nous amènent à penser à la tournure que nous souhaitons donner à notre voyage. Nous désirons en faire quelque chose de bien, aider les autres dans la mesure de notre possible. Le contact avec la population locale sera définitevement notre première quête en terme d'importance.

samedi 26 juin 2010

Leh



La route de Srinagar à Leh se fait en 2 journées de 10 et 11h de bus. Elle s'étire sur 430km tantôt bien asphaltée, tantôt improvisée, plusieurs lacets et presqu'aucune ligne droite. Vitesse moyenne: 20km/h. Heureusement, la route est aussi longue que majestueuse grâce aux montagnes qui grossissent à mesure qu'on approche. C'est certainement notre paysage préféré. Nous sommes particulièrement enthousiastes car cette virée dans le nord de l'Inde ne figurait pas à notre itinéraire de base. Excellente décision. À peine quelques heures après notre arrivée à Leh, nous sentions une fébrilité plus forte qu'ailleurs.

La raison principale de notre présence dans cette région isolée (je dois spécifier qu'une fois sur place, on ne pourrait pas deviner être si loin) était de participer à un trek dans une vallée avoisinante. N'ayant aucune connaissance ou expérience particulière dans le domaine, il importait de bien magasiner avant de faire notre choix car il doit bien y avoir une centaine d'agences de voyage spécialisées en ville et autant d'options de trek qui s'offrent à nous. Au bout d'un certain temps, on se rend compte que, selon nos critères et besoins, l'offre est identique d'une agence à l'autre et que seuls les prix (et la confiance en notre agent) changent. Celui qu'on a choisi nous a impressionné avec l'ajout d'un petit test d'acclimatation une journée avant le départ. Le test consiste tout simplement en une petite randonnée avec quelques ascensions pour être certains que nous sommes aptes à gravir les plus hauts sommets de l'himalaya (j'exagère à peine). Ça nous a paru très professionnel.

La montée vers la ''Shanti Stupa'' (voir la photo, elle est superbe) s'est bien déroulée. Nous savions que malgré les quelques marches à gravir (environ 500, le double de l'oratoire) ça ne pouvait se faire en courant. Avec seulement 65% de l'oxygène qu'il y a au niveau de la mer, les pauses seront nombreuses. Effectivement, la "patate" se met vite à pomper en altitude mais la récupération se fait aussi rapidement, probablement du fait que les muscles ne sont pas aussi fatigués en proportion. L'air sec est aussi un inconvénient et cela se sent dans les sinus. Bref, l'activité nous donne une bonne idée de ce qui nous attend pour le trek dans quelques jours.

Notre moment fort de ce séjour à Leh fut sans contester la descente en vélo de montagne à partir de Khardung La. Pic de 5600m, c'est aussi le sommet de, tenez-vous bien, la route à circulation motorisée la plus haute du monde. Les 40km nous auront pris deux heures à monter en jeep et trois heures à descendre en vélo. Nous nous étions informés la veille et ça nous semblait une activité attirante mais comme les ''day trips'' ne nous avaient pas pleinement satisfaits jusqu'à maintenant, nous avons longuement hésité avant de s'y lancer. Le concept d'organisation fait parfois défaut chez les Indiens, il faut poser (et se poser) bien des questions avant de s'embarquer dans quoi que ce soit. Eh bien, ça aurait été une erreur de passer à côté d'une telle occasion de s'éclater. Être au sommet d'une montagne enneigée à plus de 5000m est déjà grisant (je dirais même étourdissant par moment), la descendre à vélo nous a donné notre dose d'adrénaline pour longtemps en plus de nous préparer physiquement au trek de 5 jours auquel nous prendrons part. Les mots me manquent pour décrire l'expérience et pour éviter des vous embêter avec une succession d'onomatopées, je vous invite à regarder les photos.

Plus que 48h avant le départ, nous sommes un peu contrariés par la tournure des événements entourant l'organisation du trek. Bien que nous aurions aimé partir avec d'autres, nous nous étions fait à l'idée de partir en couple... avec 1 guide, 1 cuisinier, 1 aide et 1 horseman. Par contre, chaque jour nous donnait l'illusion que des gens se joindraient pour finalement se désister le lendemain. Point à préciser, le prix varie grandement (lire énormément) selon le nombre de participants. Donc, encore une fois, on nous fait miroiter que nous serons probablement pas seuls. Le lendemain, un souper avec Pascal, Annie et Elliot (deux Montréalais et un Américain rencontrés par hasard) ravive notre espoir. Par contre, le temps presse et on ne voit pas comme on réussira à embarquer tout ce beau monde pour le départ. Il y a aussi toute la question du test d'acclimatation que personne n'aura eu le temps de faire sauf Pascal, Joëlle et moi. D'ailleurs, ce test s'est avéré beaucoup plus exigeant que prévu avec des ascensions se rapprochant plus de l'escalade que de la marche. Résultat, la randonnée m'a brûlé, vidé de toute mon énergie et c'est avec peine que je suis retourné au village en fin d'après-midi. Je comptais tout de même prendre part au trek puisque je n'avais aucun symptôme dû au mal de l'altitude. En plus, on nous a confirmé que nous serions finalement sept aventuriers pour le trek. Quel beau revirement de situation!

La fin de la journée fut plutôt inquiétante pour moi. Complètement épuisé, j'arrivais à peine à me déplacer. Soudainement j'ai été pris d'un froid intense même si je savais que la température ambiante était très confortable. Je me demandais comment retrouver des forces pour le lendemain alors je me suis gavé d'un repas copieux pour le souper. Erreur. J'ai à peine fermer l'oeil de la nuit. Chaud, froid... Température à 4h du matin: 38,7. À 5h, guère mieux: 38,0. Ça augure mal. Le cadran était fixé à 6h. Je me sentais comme sur un pire lendemain de veille. Nous sommes quand même partis et nous disant que ça irait mieux pendant la journée et que je pourrais me reposer dans le bus. Pas du tout! La route de Leh à Lamayuru a fait ressortir tous les symptômes possibles et imaginables d'un gars sérieusement malade. Arrivés au point de départ du trek, je peinais à tenir debout. C'était l'évidence même, notre aventure se termine avant même d'avoir commencé.

Nous sommes donc resté 24h à Lamayuru. Ce petit village avait une ambiance complètement différente selon Joëlle, qui en a profité pour se promener un peu pendant que je récupérais. Elle a joué aux cartes avec le serveur et le cuisinier d'un restaurant! À son retour à la guesthouse, elle a même sympathisé avec le petit Lobzang, le cadet de la famille, qui s'est fait un honneur de lui montrer ses livres d'école en anglais et de chanter "Old McDonald had a farm" avec elle. Il est vraiment mignon!

Pour retourner à Leh le lendemain, il n'y avait pas 36 options. Un seul bus partait le matin, mais nous étions prêts à partir bien plus tôt. Il faisait froid, il pleuvait un peu... Pas vraiment un temps pour errer au hasard dans le petit village, sans compter que rien nous confirmait que le bus allait effectivement partir. Nous avons décidé de tenter notre chance en grimpant jusqu'à la route principale. Finalement, le premier véhicule à passer dans notre direction, un camion-citerne rempli de pétrôle, s'est arrêté et a accepté de nous conduire jusqu''a Leh. Parfait!

mardi 22 juin 2010

Srinagar






À la base, nous pensions redescendre vers le Rajasthan après Amristar. Par contre, après deux semaines de chaleur intense, l'idée de monter plus au nord vers des paysages montagneux et un climat plus frais nous semblait bien bonne! Srinagar est une ville située dans la province du Cachemire, tout près de la frontière avec le Pakistan. La population est donc bien différente des Indiens que nous avons rencontrés jusqu'à présent: elle parle le Cachemiri, proche de l'Arabe, et est majoritairement de religion musulmane. On peut voir des citations du coran sur les panneaux publicitaires, des "Ya Allah" écrits un peu partout... On se sent carrément dans un autre pays!
Le train ne s'y rend pas, ce qui n'est pas étonnant quand on réalise l'ampleur des montagnes: la ville elle-même est à environ 1700 m d'altitude. Il nous a fallu presque 16 heures, sur deux jours, pour l'atteindre. La route était merveilleuse, mais combien éprouvante: des lacets interminables, une chaussée étroite, des ravins profonds. Nous avons vu un camion renversé sur le côté, un autre perché entre la route et le ravin, tenant de peur avec deux roues dans le vide... Rien pour nous rassurer, mais il faut croire que Allah était avec nous, ou dumoins le chauffeur de l'autobus avait des nerfs d'aciers, car tout s'est bien passé.
Il serait bien dommage d'aller à Srinagar sans séjourner dans un house-boat sur le lac Dal, et nous nous sommes donc permis de faire une entorse à notre budget. Le lac est charmant, les house-boats sont gentiment alignés sur l'eau et des shikaras, une sorte de petit bateau ressemblant à une pirogue, nous permettent d'aller et venir du bateau à notre guise. C'était sympathique, mais le propriétaire mettait énormément de pression pour nous vendre des excursions, des treks... et du haschisch! Bref nous ne nous sentions pas à notre place du tout et sommes partis après une seule nuit. Srinagar étant très touristique, les guesthouses se font rares et on y retrouve davantage d'hôtels. D'ailleurs, la recherche de cet hôtel était assez coquace: on en visite un premier, dont le bas prix nous convenait, mais la chambre sentait horriblement mauvais... On continue notre chemin, les sacs sur le dos. On en visite un deuxième, beaucoup mieux mais un peu trop cher pour nous! Finalement, un homme nous aborde sur la rue. On ignore comment le mot s'est passé, mais il savait que nous avions visité deux chambres, connaissait le prix de la première, et savait que nous trouvions le prix de la seconde trop cher... Il nous raconte qu'il a un hôtel tout près et que comme celui-ci est presque vide, il nous offrira une "belle" chambre au prix de la première que nous avions visitée. Nous l'avons suivi, n'ayant rien à perdre mais tout de même un peu dubitatifs, et avons été agréablement surpris!

Nous sommes donc restés deux autres nuits à Srinagar, sur la terre ferme. La ville est défigurée par les barbelés et on trouve des soldats armés à chaque 50 m. C'est bien dommage, ça enlève évidemment un peu de charme! Bali, un Indien rencontré lors d'une jourmée à Gulmarg, en banlieue, nous explique que les Cachemiris aimeraient mieux voir leur région annexée au Pakistan, avec qui ils ont davantage de similarités culturelles que l'Inde. Selon lui, la présence militaire sert à calmer les ardeurs du peuple lui-même, et non à prévenir une éventuelle invasion Pakistanaise.
La visite du Vieux-Srinagar nous a laissé perplexes, cette section se démarquant particulièrement du reste de la ville. Les constructions sont différentes; pour la première fois en Inde, nous avons l'impression que le bois domine sur le béton. Étant donné l'altitude, la forêt est composée majoritairement de conifères, qui nous semble être la principale ressource en terme de matériau de construction. Les batiments sont très jolis, et émanent le charme des cités d'Asie centrale. Après avoir visité la grande mosquée (Jama Masjid), nous avons choisi d'errer un peu dans ce vieux quartier où les femmes sont systématiquement voilée, parfois même d'une burqua. Je me suis rapidement sentie mal à l'aise et j'ai donc couvert mes cheveux avec mon foulard, ce qui a instantanément changé le regard des autres: je récoltais maintenant des demi-sourires et des hochements de tête! Une drôle de sensation. Quelques minutes plus tard, nous avons entendu des coups de feu derrière nous, à environ 200 m. Les gens se sont mis à courir dans tous les sens, à crier, à se battre. Nous avons aussitôt accéléré le pas et pris le premier rickshaw disponible pour retourner près de l'hôtel. Plus de peur que de mal! Finalement, la visite du temple hindou Shankaracharya, perché sur une colline face au lac Dal nous a donné l'occasion d'admirer le plus beau paysage de la ville! Dommage que les photos soient interdites à cet endroit.
Nous commencons à nous habituer à notre nouveau style de vie. C'est extrêment différent que de vivre au jour le jour, et on y prend goût! . Libérés de toute routine, on avance dans nos journées selon ce qui importe le plus sur le moment, que ce soit de trouver à manger ou un endroit où dormir. Nous sommes plus débrouillards et moins gênés qu'au début du voyage: on questionne les gens très souvents, que ce soit pour leur demander le nom de la rue où nous sommes, l'emplacement de la gare de train où encore le numéro de l'autobus à prendre pour aller où on veut... Les Indiens sont toujours prêt à tout pour nous aider. Quand quelqu'un ne parle pas l'anglais, il part à la recherche d'une autre personne pour traduire, jusqu'à ce qu'on se comprenne! À aucun moment nous n'avons pas réussi à nous faire comprendre. Il suffit parfois d'un peu de patience!
Dans un autre ordre d'idées, Fred et moi faisons bien attention aux démonstrations d'affection en public, car les couples indiens ne se tiennent même pas la main. Toutefois, il n'est pas rare de voir deux hommes bras dessus, bras dessous ou encore se tenant le petit doigt! Les démonstrations d'amitié entre deux personnes du même sexe sont chose courante.
Côté nourriture, bien que nous adorions la cuisine indienne, nous nous ennuyons parfois de nos légumes! Les Indiens ont un penchant pour le fast-food, à leur façon bien sûr. On trouve à tous les coins de rue des petits kiosques vendant des samosas, des pakoras et autres trucs frits ou bourrés de patates. D'ailleurs, nous commençons à maitriser le vocabulaire culinaire et distinguons les naans des puris, dosas, rotis, pappads et autres pains!
Sur ce, nous partons pour Leh, une ville juchée à 3 500m d'altitude, dans la région du Ladakh. À bientôt!

Amritsar



Comme s'ils n'avaient pas été assez généreux encore, en plus de nous héberger pendant une semaine, les Malhi insistaient pour nous conduire jusqu’à Amritsar. J’imagine que ça leur donne une bonne excuse pour aller se recueillir au Temple d’or. Rendu sur place, j’étais bien content d’avoir Amlook comme guide-traducteur pour trouver ce fameux dortoir qui accueille gratuitement les routards. Il aurait été pratiquement impossible à trouver sans son aide!

Après avoir reçu nos habits officiels pour la journée, nous partons en voiture avec Amlook et sa femme. La route, insupportable tant elle est abimée, est supposément un raccourci vers Amritsar. En distance peut-être mais si c’est pour rouler deux fois moins vite… Bon, c’est de bon coeur alors on ne se plaindra pas. Arrivés près du temple d’or, ça aura pris trois essais impliquant des discussions animées en Punjabi pour arriver à trouver notre dortoir. Cher Amlook, vraiment on t’en doit une.

L’endroit cadre parfaitement avec l’esprit d’entraide que véhiculent les Sikhs. Nous comprendrons plus tard qu’autour du Temple d’or, il y a trois dortoirs pour chacun des trois groupes suivants : les Indiens, les Indiens non-résidents et les autres! Non seulement on y dort gratuitement mais on peut aussi manger sans avoir à débourser un sous (comme au temple sikh de Delhi). Évidemment, une contribution est attendue et il serait plutôt ingrat de ne rien donner du tout. La bouffe est tellement bonne en plus!

En allant vers le temple, une jeune femme complimente Joëlle sur sa tenue traditionnelle. Mais elle semble lui dire qu'il manque quelque chose... La voilà qui sort un bindi de sa sacoche et le colle dans le front de Joëlle! Vraiment, les gens sont adorables ici. La visite du temple, encore aidés par notre guide personnel, s’est avérée être un exercice de patience amenant celle-ci à des niveaux encore jamais atteints. Promiscuité, chaleur, soif, faim. Votre bulle d’intimité en Inde, oubliez ça! Les gens s’entassent comme des sardines partout où on fait la file et ils ne laissent pas un centimètre entre chacun. De toute façon, après s’être fait dépasser 10 fois en 5 minutes, on comprend le principe. Pour ce qui est de nos impressions du temple lui-même, il est effectivement très beau mais sans plus. Je vous laisse regarder les photos et vous invite à fouiller sur internet pour en trouver des plus belles pour vous faire votre propre opinion. Une visite le soir nous a permis de l’admirer sous un angle différent. C’est aussi à ce moment qu’on nous a expliqué qu’on était en plein dans un week-end de célébration et que c’est pour cette raison qu’il y a un peu (!) plus de pélerins qu’à l’habitude.



Autre activité digne de mention lors de notre séjour à Amritsar : la parade de Wagah Border. À une heure de route et 3km de marche d’Amritsar se trouve le poste frontalier entre l’Inde et le Pakistan le plus fréquenté d’entre tous. Il est ouvert tous les jours de 10h à 16h, pas une minute de plus. Jusque là, rien d’excitant n’est-ce pas? Le trip ici c’est que, tous les soirs, on peut assister à la procédure de fermeture de la frontière. Véritable attraction touristique, le site permet d’accueillir 8000 personnes des deux côtés. Évidemment, les gradins sont séparés de plusieurs mètres à la frontière. Les festivités commencent vers 19h. Une fois tout le monde en place, les dames sont invitées à porter le drapeau indien et à courir d’un bout à l’autre de la rue. En même temps, les plus jeunes se font plaisir en dansant au son d’une musique ‘dance’ aussi quétaine que les Indiens savent l’être. En moins de temps qu’il ne faut pour manger deux samosas, l’ambiance prend vite des allures de Centre Bell grâce à l’animation survoltée du maître de cérémonie. Il a de l’expérience le monsieur. On dénote aussi un aspect compétitif à cette cérémonie où chaque côté des gradins s’en donne à cœur joie pour montrer qui crie le plus fort et démontre le plus d’enthousiasme pour sa patrie. Pakistan! India! Pakistan! India! Outre les chorégraphies exécutées par les soldats, ces derniers sont appelés tour à tour à passer au micro. Celui qui tient un ‘oahhhhhhhhhhhhhh’ le plus fort et le plus long obtiendra l’appui et le respect le plus sincère de la part des spectateurs. La foule n’hésitera pas à aider les concurrents, question de rendre la scène encore plus débile. Essayez ça à la maison, dans votre prochain party de famille, vous verrez que ce n’est pas si facile de tenir plus que 10 secondes comme eux le font. Bref, malgré qu’on ne voyait pas grand-chose de ce qui se passait à la grille, le spectacle en vallait la peine de se déplacer. Le chemin du retour nous a paru interminable.

Le lendemain, nous avons tenté d'acheter nos billets de train pour Jammu, une étape nécessaire en montant vers Srinagar. Peine perdue, il n'y a plus de place! On s'y rendra donc en bus...

vendredi 11 juin 2010

Singhan

Sat Sri Akal!

À Montréal, nous avons eu la chance de sympathiser (merci papa!) avec Gurnam Singh Malhi, originaire du Punjab et propriétaire d’un sympathique petit resto indien dans Parc-Extension (www.malhisweets.ca). En lui parlant de notre projet, il a eu la gentilesse de nous mettre en contact avec son frère, Amlook, le maire du village de Singhan (en banlieue de Jalandhar). Sans trop savoir à quoi s’attendre, on l’a appelé avant de quitter Chandigarh et il nous a offert de venir nous chercher au terminal d’autobus de Jalandhar. On était contents à l’idée d’entrer enfin en contact direct avec une vrai famille indienne!

Dans l’autobus, c’était un peu comme dans le train : à chaque arrêt, des joueurs de musique ambulants, des vendeurs de thé, d’eau, de journaux et autres diverses babioles entrent par l’avant et en ressortent par l’arrière. Arrivés au terminal, on est l’attraction principale : il se crée rapidement une foule autour de nous. Jalandhar n’est pas une ville touristique, les gens ne s’attendent pas à voir des occidentaux. Un vendeur nous a même offert deux bouteilles de limonade! On est toujours un peu méfiants dans des situations comme celle-là, disons plutôt prudents, mais les bouteilles étaient manifestement neuves, bien scellées et l’homme avait tout un sourire!

Amlook est arrivé rapidement et nous a conduit jusqu’à chez lui. La barrière de la langue est présente, mais il parle tout de même quelques mots d’anglais et on parvient à se comprendre assez bien! On rencontre sa famille, on visite un peu sa maison. Ils sont on ne peut plus accueillants, nous invitent à dormir chez eux aussi longtemps qu’on le souhaite, nous offrent du thé, des biscuits… et ce n’est que le début! On partage tous leurs repas, qui sont délicieux d’ailleurs. Les chapatis faits maison n’ont rien à envier à ceux des restaurants! Ces repas sont aussi des occasions d’échanger. Amlook est très fier d’être Sikh, et nous en parle ouvertement et sans aucune pression. D’ailleurs, petite devinette : Quels sont les cinq symboles du Sikhisme chez l’homme? Le turban, la barbe et le kirpan, bien évidemment, mais aussi le peigne et le bracelet. Amateurs de jeux télévisés, tenez-vous le pour dit!

La famille Malhi est assez fortunée; ils possèdent des immenses champs de tournesol dont ils vendent les graines pour en extraire l’huile, une ferme où ils font l’élevage de chevaux ainsi qu’une fabrique… de briques! Nous avons eu le plaisir de la visiter et de nous faire expliquer chaque étape du processus. Les briques sont façonnées à la main, une par une, puis sèchent au soleil avant de cuire dans une sorte de four sous la terre. C’était très instructif et intéressant, ni Fred ni moi ne connaissions ça.



C’était agréable d’être dans un petit village après avoir visité deux grandes villes. Nous avons pris le temps de nous reposer, de flâner un peu avec les nombreuses vaches, d’aller à la rencontre des autres villageois. La différence entre les riches et les pauvres est frappante, en fait, ils sont chacun de leur côté de la rue. Les enfants courent vers nous, nous saluent, nous parlent sans cesse, même lorsqu’ils finissent par réaliser qu’on ne comprend pas ce qu’ils disent. On échange des sourires, on les prend en photo puis on leur la montre sur l’écran de la caméra et ils trouvent ça très drôle!

Comme dans les villes, les gens avec qui nous avons le plus de facilité à communiquer sont les jeunes adultes comme nous. Ceux-ci parlent tous l’anglais (à différents niveaux) et plusieurs sont habillés à l’occidentale. Ils nous abordent spontanément et sont très curieux: (“Where are you from? Are you married? Do you have children? For how long have you been in India?”). Il nous prennent presque systématiquement en photo avec leurs cellulaires. Un jeune homme nous a même demandé un autographe une fois!

La veille de notre départ, Amlook nous annonce qu’il veut nous offrir des habits traditionels du Punjab! Nous étions un peu gênés devant toute cette générosité, mais nous avons rapidement compris qu’il existe toute une différence entre notre culture et la leur en ce qui a trait aux cadeaux. Quand un Indien t’offre quelque chose, c’est que ça lui fait vraiment plaisir, sinon il ne te l’offre pas! Refuser poliment reviendrait à le priver de son plaisir de donner, tout simplement. Ce que nous n’avions pas saisi sur le moment, c’est qu’ils nous offraient des habits faits sur mesure pour nous! À leur demande et avec plaisir, nous resterons donc une journée de plus avec eux.

Le lendemain matin, Fred est parti en ville avec Amlook sur son scooter. Ils ont fait la tournée habituelle : rencontrer le représentant qui vend ses briques, faire ses commisions (dont acheter des médicaments pour ses vaches), avec un petit détour chez le tailleur pour le kurta pajama de Fred. Il lui va à merveille! Pendant ce temps, j’étais assise dans le petit salon avec les femmes de la famille. La plus jeune, qui est aussi la couturière, a pris mes mensurations et m’a montré le superbe tissu rose avec lequel elle fera mon salwar kameez! La scène était incroyable : toutes les femmes, même leurs servantes, étaient affairées autour de moi et parlaient en même temps en pointant des détails de leurs vêtements. Faute de comprendre, j’essayais de m’imaginer ce qu’elles disaient, ce devait être quelque chose comme : « Fais-lui un ourlet comme ceci! Un pli comme cela, ça sera beau. Fais sa manche comme la mienne, regarde! » Un moment magique, encore un fois!

Vraiment, le voyage se déroule au delà de nos attentes. Chaque jour qui s’amène est plus fou que le précédent, et on profite de chacun d’eux. Fred et moi développons des vraies habitudes de routards! Nous sommes maintenants experts dans l’art de faire / défaire nos backpacks en moins de deux. Avec leur contenu bien organisé, ils sont presque le tiers moins volumineux, et c’est très pratique quand vient le temps de les ranger sous un banc de train ou sur la tablette d’un autobus. On fait aussi notre lavage à la main de façon rapide et efficace!

Quand vient le temps de quitter la demeure des Malhi pour aller à la station d’autobus, Amlook nous annonce qu’il ira nous reconduire à Amritsar. Lui et sa femme en profiterons pour passer un après-midi au Golden Temple, le lieu de pèlerinage par excellence des Sikhs. Nous sommes très heureux de les y accompagner dans des vêtements traditionnels, et eux très fiers! On passe (un peu plus) inaperçus. Vient finalement le temps de leur dire au revoir, la larme à l’œil, et de les remercier pour ces quelques jours que nous n’oublierons jamais.

Chandigarh




Réveil à 4h. La nuit a été courte. Comme toutes celles à Delhi d’ailleurs. Je ne suis pas déçu de quitter la capitale mais j’en garde tout de même de beaux souvenirs. Démarrer un périple de la sorte par l’une des villes les plus mouvementées du monde n’est pas de tout repos mais j’avoue être fier d’avoir passé le test.

5h15, la gare de New Delhi (il y en a une autre à Old Delhi) est déjà grouillante de monde. Trouver nos places dans le train s’est avéré assez facile. Suffisait de consulter les longues listes en papier affichées sur un babillard entre deux quais d’embarquement. Ça a l’air niaiseux mais il faut se méfier des choses simples à Delhi. Une fois dans le bon wagon, nous avons dû chasser une dame et ses enfants de nos places réservées. Je sais que cela peut avoir l’air un peu rude mais en Inde, c’est un peu le Far West comme on dit alors il ne faut pas se laisser prendre par ces choses-là si on ne veut pas se faire avoir le tout en gardant le sourire. Elle s’est simplement déplacée sur le banc d’à côté, en attendant de se faire déloger par le prochain!

Cette femme faisait en fait partie d’une famille d’au moins 12, aussi présents dans le train, allant visiter d’autres proches dans un état voisin. Nous avons passé la majeure partie du trajet à bavarder avec eux, dont les 2 adolescentes du groupe. Âgées de 13 et 14 ans, plus dégourdies que la majorité des jeunes du même âge de chez nous, elles nous ont posé des tonnes de questions sur nos origines, notre voyage, notre langue, etc. Peu à peu, leur père s’est joint à la conversation. Même s’il ne parlait pas anglais, il en a profité pour nous apprendre quelques mots en hindi et en punjabi. On pouvait voir la fierté dans son visage. Fier de son pays et fier de voir ses filles discuter avec nous en anglais, un atout indéniable pour les Indiens qui veulent s’ouvrir au reste du monde… et ils sont nombreux! Inutile de dire que se sont des moments comme ceux-là qui donnent un sens à notre voyage. Mémorable.

Arrivés à Chandigarh, nous confirmons : cette ville est diamétralement opposée à Delhi. Propre (dans les standards de l’Inde), ordonnée, plus aérée (en terme d’espace, pas de température…), le plan de la ville est en quadrillé parfait. On voit que les gens sont plus instruits, plus aisés. On remarque aussi que les habitants sont en majorité des Sikhs qui sont particulièrement courtois et aidants. Normal qu’ils soient si nombreux, l’état du Punjab (ou Penjab) est historiquement leur terre natale avec une partie du Pakistan. Leur histoire est fascinante. Sikhs? Vous savez, les hommes arborant un large turban sur la tête et une barbe longue? Le nom Singh, ça vous dit quelque chose? Ne vous en faites pas, on ne fera pas de cours d’histoire ici.

Donc, à Chandigarh, nous en profitons pour se ressourcer. Disons que nous en avons déjà bien besoin. De toute façon, c’est la place pour se la couler douce. Nous avons d’abord choisi un bon hôtel (pour faire changement des deux places minables où nous sommes restés à Delhi) et avons élaboré un emploi du temps aussi relax que possible. Je ne vous raconterai pas tout, parce que ça serait plate, mais notre visite au Rock Garden nous a bien plu. Le plus drôle c’est qu’on a serré la mains à au moins 50 personnes cette journée là. Les Indiens semblent particulièrement intrigués par notre présence et ils n’hésitent pas à nous aborder. Plusieurs nous demandent de prendre des photos avec eux! Ils font quoi avec après? Ils les montrent à leurs amis? Ils nous font sentir comme des stars d’Hollywood.



Autre activité marquante de notre séjour Chandigarh, nous avons participé à un événement de sensibilisation aux habitudes de respect de la planète dans le cadre de la journée de l’environnement. On s’est retrouvé là suite à une invitation par un groupe de jeunes rencontrés par hasard la veille après notre visite des musées. L’activité nous a parue mal organisée mais c’est l’intention qui compte n’est-ce pas? Après nous avoir maquillés et donné une pancarte avec un slogan simpliste, l’idée était qu’on se promène sur la place publique pour qu’au même moment, à 18h précise, tous les participants s’immobilisent pendant 10 minutes dans une pose mettant en valeur un message appelant au respect de l’environnement. Sans surprise, nous sommes vite devenus l’attraction du moment. Un couple de Canadiens pas très foncés avec la face barbouillée (voir les photos, mon maquillage est horrible, celui de Joëlle est pas mal du tout) et une pancarte laide, faite à la main, immobile dans une pose qui finalement, nous fait parraître encore plus bizarre. En cinq minutes, ils étaient des dizaines à nous regarder avec un point d’interrogation au visage. Tout allait bien jusqu’à ce que, juste à côté de nous, un Indien se mette à vomir ses entrailles par terre! Une fois, deux fois, trois fois. C’était trop drôle. La journée c’est bien terminée, on a jasé un peu avec les jeunes organisateurs qui étaient en fait des étudiants des environs et qui se sont créé une petite ONG pour promouvoir les bonnes pratiques environnementales. Je dois spécifier que, pour toutes sortes de raisons logiques, les Indiens sont à des années-lumières en terme de recyclage et autres habitudes du genre mais je suis convaincu que d’ici quelques années, ils se seront améliorés. Le simple fait d’être conscientisés indique qu’ils sont sur la bonne voie.

Cette soirée là, nous avons été témoins de la plus grosse tempête de vent de notre vie. Incroyable. Cinq minutes plus tôt, nous étions assis sur un banc de parc, coucher de soleil au loin, pour manger des petites gâteries. Calme plat. À peine levés pour se diriger vers notre hôtel, une immense bourasque nous frappe en nous soufflant un tas de sable dans les yeux. Ce qui a suivi ressemblerait sûrement à la fin du monde. Gros nuages dans le ciel, du vent, du sable, des déchets dans tous les sens, on a même vu un réservoir d’eau de 1000 litres tomber du toit (6e étage) d’un édifice! C’était comme être dans l’épicentre d’une tornade. Je vous dis que la pluie qui a suivi n’en était pas une petite. Déluge! La mousson s’amène…

(Dans un autre ordre d’idées, j’aimerais partager une observation sur les arnaques à Delhi. J’en suis encore ébailli.

Comme je le disais au début, il faut se méfier de ce qui parrait simple ou facile à Delhi, il peut y avoir anguille sous roche. Par exemple, l’office de tourisme est au 88 janpath. Facile quand on regarde sur le plan, ce l’est moins une fois sur place. Il est très facile d’être un peu plus au nord, un peu plus au sud ou même sur la rue d’à côté. L’attrape c’est qu’il y a une dizaine de commerces dans les environs qui affichent fièrement OFFICE DE TOURISME, 88 JANPATH! Toutes, sauf une bien entendu, sont de frauduleuses agences qui vendent des forfaits bidons et autres babioles pour les touristes crédules. La vrai agence n’a rien à vendre, elle n’existe que pour donner de l’information. Autre exemple, le bureau de réservation de billets de train pour les non-Indiens se trouve au 1er étage d’un édifice près de la gare mais il est difficile de le trouver. Évidemment, plusieurs gens d’affaires aguéris ont eu la brillante idée d’ouvrir un bureau au premier étage de n’importe quel immeuble qu’ils présentent comme le vrai bureau de réservation mais est en fait, vous l’avez deviné, qu’une agence de voyages déguisée. Inspirant.)

jeudi 3 juin 2010

Delhi

Ça y est! Après presque deux ans de préparatifs, le voyage commence... Une aventure d’un an en Asie en backpacking. Nous ne nous sommes pas donné de directives trop strictes, si ce n’est que d’aller à la rencontre des autres peuples et de leur culture. On voyagera donc avec un budget minimal et la ferme intention de le dépenser dans des endroits où le profit revient aux habitants. Après avoir longuement planché sur l’itinéraire, nous avons une vague idée des pays que nous souhaitons visiter mais rien de trop fixe. Nous avons créé ce blog dans le but de partager nos expériences avec nos familles et amis, mais aussi pour avoir vos commentaires, donc n’hésitez pas à en faire!





Nos deux vols (Montréal-Frankfort et Frankfort-Delhi) se sont très bien déroulés, vraiment rien à signaler de ce côté. On commençait déjà à se sentir minoritaires dans le deuxième avion! Deux Indiens nous ont abordés et se sont fait un plaisir de nous donner leurs points de vue sur l’Inde, en passant par divers conseils (« No tap water! Don’t skip breakfast! Very hot weather! »). Ils étaient vraiment sympathiques, et je ne sais pas si c’est à cause de la barbe de Fred ou de la jupe longue que je portais à ce moment-là, mais ils nous ont demandé si nous étions des mormons de l’Utah!
Comme nous sommes arrivés à l’aéroport au beau milieu de la nuit, nous avons préféré prendre un taxi plutôt qu’un bus pour nous rendre à Connaught Place et trouver un endroit où dormir. Quel choc sur les routes! Les voies ne sont pas séparées, ça klaxonne à tout bout de champs... On pouvait distinguer les silhouettes de gens endormis sur le bord de la route, parfois sous des tentes de fortunes. Arrivés à destination, on opte pour la Sunny Guesthouse et on visite une chambre assez délabrée, mais nous sommes tellement fatigués que nous la prenons quand même.
Tout un choc le matin aussi! Les rues sont envahies par les scooters, minibus, vélo et rickshaws qui vont dans tous les sens. Traverser sans se faire frapper relève de l’exploit, mais nous avons développé un truc : il s’agit de repérer un Indien qui veut traverser la rue dans le même sens que nous et de le suivre de très près! Ils ont une étonnante capacité à se faufiler entre des véhicules en mouvement. Que d’émotions fortes...
Dans la rue, on se fait constamment interpeler par des chauffeurs de rickshaws, des revendeurs de billets de trains, des cireurs de chaussures (même si on porte des sandales!) et des laveurs d’oreilles (!?!). Il nous a fallu un bon deux heures pour trouver la véritable gare de train et réserver d’avance nos billets vers Chandigarh. Partout où l’on passe, les gens se retournent, nous dévisagent, nous suivent... Certains se font une fierté de nous montrer qu’ils parlent l’anglais et nous demandent de quel pays nous venons. Dès qu’on sort une carte de la ville ou qu’on semble un peu perdus, les gens nous viennent nous parler et tentent de nous guider, mais tous ne sont pas si bien intentionnés. On apprend de nos erreurs! Nous avons visité le quartier Pahar Ganj et avons été charmés par ses dédalles de ruelles où cohabitent les vaches avec les chiens ainsi que son gros bazar sur la rue principale. On décide donc d’y prendre une chambre pour nos deux dernières nuits à Delhi.
Le lendemain, nous nous sommes familiarisés avec les moyens de transport de la ville. Première course en rickshaw, premier trajet en métro... D’ailleurs ce dernier est beaucoup plus propre et neuf que celui de Montréal. Les stations sont spacieuses, les wagons climatisés et toutes les indications sont bilingues, ce qui le rend facile d’utilisation pour des étrangers comme nous. Nous sommes allés visiter Old Delhi, un quartier charmant et typique à prédominance mulsumane.
Delhi étant une métropole multiculturelle, nous ne pouvions passer à côté de la visite de quelques temples. Nous avons commencé avec le temple Sikh Gurudwara Sis Ganj. On se couvre la tête, on se déchausse et on entre... en plein pendant la prière! Nous sommes allés à l’arrière nous asseoir par terre avec des fidèles et avons écouté un peu. L’ambiance était très solonelle, c’était vraiment beau à voir. On ne comprenait évidemment pas ce qui se disait, mais on tentait de suivre leurs mouvements (assis, debout, à genoux) du mieux qu’on pouvait. Avant de sortir, un Sikh nous approche et nous fait comprendre qu’il veut nous offrir à manger. Étonnés, nous refusons poliement mais il insiste, et cela semble vraiment lui faire plaisir. On le suit dans une immense salle où aumoins une centaine de Sikhs sont assis par terre et mangent. Il nous tend une assiette et nous fait signe de nous asseoir. Un autre homme passe avec un immense seau bien rempli et nous sert! Ce fut réellement un moment magique. C’est donc repus et avec le sourire que nous avons quitté ce superbe temple de la communauté Sikh qui s’est avérée extrêmement chaleureuse. Toujours à Old Delhi, la visite du Red Fort ne nous a pas trop impressionnés. C’était parfait pour flâner un peu, mais sans plus.
Nos nuits dans Pahar Ganj sont assez difficiles; le quartier se refait une beauté en vue des Jeux du Commonwealth l’automne prochain. Conséquemment, les rues sont remplies de galets de bétons, de morceaux de métal, et que dire de la poussière! Des gens sont affairés jour et nuit à détruire les vielles façades des immeubles à coup de pioches. Ajoutez à ça les jappements des chiens errants et les klaxonnements incessants : nous avons de la difficulté à nous remettre du décallage horaire.
Fred et moi nous entendons pour dire que la visite de l’Akshardham Mandir a été notre moment fort à Delhi. Cet époustouflant temple hindou est entouré de scupltures d’éléphant (le dieu Ganesh) illustrant certains principes de cette religion sous forme d’anectodes. Comme il nous était interdit de prendre des photos, vous pouvez aller voir de quoi ça avait l’air en cliquant ici.
Nous avons également visité le temple du Lotus, un immense dôme en marbre blanc dont vous devinez la forme! Unique en son genre, ce temple est dédié à l’unité entre toutes les religions. On y retouve donc sikhs, musulmans, jains, hindous, chrétiens et autres qui viennent prier à leur façon et en silence. Il y règne une ambiance paisible et harmonieuse. Franchement inspirant!
À la sortie du temple, il est déjà presque 13h, nous n’avons pas mangé, presque plus d’eau et il fait une chaleur cuisante. On saute dans un rickshaw pour aller visiter le Minaret Qutb mais on se rend rapidement compte que le chauffeur essaye de nous convaincre d’aller magasiner (lire dépenser) dans des magasins où il touche une commission. Nous refusons, il insiste... et nous descendons! On prend un autre rickshaw qui n’est pas trop sûr de son chemin, puis restons pris dans le trafic... Sans eau et sans nourriture, le soleil tape et on se sent vraiment étourdis. Arrivé à destination, on voit un petit comptoir extérieur où un cuisinier est affairé... Sans trop savoir comment ça fonctionne on s’approche, on sourit, et dans le temps de le dire on se retrouve assis à table avec des immenses assiettes de thali! C’était délicieux, on mangeait avec appétit et avec les mains commes les Indiens autour de nous. Ceux-ci avaient l’air fort amusés par la scène! C’était vraiment un moment fort. On a dû boire aumoins deux litres d’eau chacun... Notre consommation d’eau est vraiment élevée, six à sept litres par jour chacun. Nous marchons sans cesse, le soleil tape et nous transpirons énormément!
Finalement, lors la visite du Qutb Minar, nous avions l’impression d’être l’attraction principale! À plusieurs reprises, des gens nous demandaient s’ils pouvaient nous prendre en photo (quand ils ne le font pas délibérément!). Un peu plus tard, à l’India Gate, une sorte d’Arc de Triomphe à l’indienne, un homme nous a abordé et nous a présenté ses enfants et sa femme. Il n’est pas rare que des gens nous suivent, nous pointent. On se sent un peu gênés de toute cette attention, on ne s’y attendait pas, surtout dans une grande ville comme Delhi. Il faut dire que ce n’est pas la haute saison touristique à Delhi, le mercure atteint facilement les 45oC ces temps-ci, nous avons croisé seulement quelques autres touristes durant nos trois jours.
C’est donc sur un bilan positif que nous quittons Delhi pour poursuivre notre périple. Bien que nous en gardions un beau souvenir, il faut avouer que nous ne sommes pas déçus de quitter son smog, son bruit incessant et ses odeurs.

On pense à vous,

Joëlle et Fred