lundi 28 juin 2010

Leh: Zoom sur la culture Ladakhi





Ce charmant Ladakh! La capacité qu'a ce peuple à vivre perché dans les montagnes, dans la région habitée la plus haute au monde (un groupe de montagnes où le climat aride n'offre qu'une dizaine de centimètres de pluie par année) est phénoménale. Ce peuple qui sort de l'ordinaire méritait définitivement une entrée de blog à lui-seul.

Évidemment, vous vous en doutiez, la langue de la région est le Ladakhi. La première chose qui frappe est que les Ladakhis utilisent un seul et même mot pour dire bonjour, bonsoir, aurevoir, merci et bienvenue: "Julleh!". Cette région est tout près du Tibet, et ça se sent : les gens ont le visage plus rond, ils transportent leurs provisions dans des cônes en osier accrochés sur leur dos et des drapeaux multicolorent de prières bouddhistes ornent les maisons. D'ailleurs, chaque village a son propre monastère. Nous avons eu la chance d'aller visiter celui d'Hémis en plein pendant le festival lamaïque "Hemis Tse-Chu" (les photos au début de ce texte). Une fois par année, les bouddhistes de la région célèbrent la victoire du bien sur le mal et se souhaitent un avenir prospère et heureux. La richesse des masques et des danses était réellement à couper le souffle et le monastère débordait tellement il était rempli (les Indiens ne semblent pas se précoccuper des notions d'occupation maximale et de sortie de secours)! On sent bien l'importance de la religion chez les Ladakhis. D'ailleurs, chaque famille a au moins un membre qui y consacre sa vie et habite dans un monastère.


On retrouve également des Stupas un peu partout, petit monument en forme de demi-sphère, comme symbole de l'interdépendance et de l'unité de tous les élements: l'eau, la terre, les végétaux, les animaux et l'Homme. La relation des Ladakhis avec la planète est exemplaire. Les communautés traditionnelles réutilisent la totalité de leurs ressources et n'ont pas la notion de déchet. Elles reposent sur une économie de petite-échelle, où chaque habitant dépend des autres. Les tâches quotidiennes sont accomplies en rotation. Ainsi, selon la journée de la semaine, une même personne peut tisser, cuisiner, s'occuper des troupeaux ou encore de l'irrigation des champs. De quoi briser la routine! La famille est évidemment tissée serré. Tous les membres vivent sous un même toit, et chacun contribue à la construction, la rénovation et l'entretien de la maison. Les Ladakhis ont aussi une vision plus moderne des relations homme-femme. Surprenament (on est quand même en Inde!), ceux-ci acceptent le divorce. En fait, il suffit d'offrir un yak ou un cheval à l'autre, en guise de dédommagement. Essayez ça à Montréal!

Toutefois, depuis l'ouverture du Ladakh au tourisme en 1974, les choses ont bien changé, surtout dans la ville principale, Leh. À 3500m d'altitude et pratiquement innacessible par la route l'hiver, Leh est prise d'assaut par les touristes l'été. L'exotisme des montagnes, le trek, le charme tibétain... tant de raisons qui font en sorte qu'on a vu davantage d'occidendaux dans cette ville qu'ailleurs. On ne les blâme pas, l'endroit est vraiment charmant, mais certains semblent oublier que venir dans un endroit aussi reculé va inévitablement de pair avec certains sacrifices. Ainsi, à chaque jour, des centaines de camions approvisionnent Leh avec le nécessaire... et le superflu. Des innombrables camions-citerne transportent des milliers de litres d'essence afin de faire fonctionner les bruyantes génératrices de la ville afin que les touristes capricieux puissent avoir leur bonne douche chaude. Évidemment, les pannes de courant sont fréquentes mais selon nous, cela fait partie du charme de l'éloignement. Pourquoi voyager aussi loin si c'est pour réclamer les mêmes commodités que chez-soi? Il n'est pas désagréable de souper à la chandelle... et une douche chaude est un luxe que la grande majorité des Ladakhis ne connaissent pas.

Le bilan est troublant: tant le ciel que le sol de Leh sont pollués. Les systèmes d'égoût ne suffisent pas à remplir la demande, et déversent leur contenu directement dans les ruisseaux sans filtration préalable. Les importations massives font fluctuer le prix des denrées sur le marché, phénomène auquel les Ladakhis ont dû mal à s'ajuster.

Ces réflexions nous amènent à penser à la tournure que nous souhaitons donner à notre voyage. Nous désirons en faire quelque chose de bien, aider les autres dans la mesure de notre possible. Le contact avec la population locale sera définitevement notre première quête en terme d'importance.

2 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec vous! C'est bien de pouvoir s'acclimater au pays et de vivre directement leur culture. Ça donne tellement une meilleure expérience en bout de ligne!

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  2. Merci d'avoir partager ces découvertes avec nous et bravo pour la description tellement détaillée et fidèle a la réalité.

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