lundi 5 juillet 2010

Manali et Dharamsala





Avant de vous parler de Manali, il faut absolument glisser quelques mot sur la route qui la sépare de Leh. Ce chemin escarpé à une seule voie, que les Indiens osent qualifier d'autoroute, est le deuxième plus haut au monde. Il traverse quatre cols majeurs, oscillant entre 4000 et 5300m d'altitude. Évidemment, en raison de la neige, il n'est habituellement ouvert que de juin à septembre.

Quand est venu le moment de quitter Leh, fidèles à nos habitudes, nous avons pris le chemin de la station de bus pour réserver nos billets dans celui le moins cher, avec les habitants de la place. Surprise! Même si nous étions presque en juillet, le chemin était encore trop abimé et boueux pour être ouvert aux autobus. Notre seule option pour franchir ces montagnes demeurait le minibus, rempli de touristes et beaucoup plus cher.

Avec un départ à 3h30 le matin et une arrivée à 22h00, la route est longue et épuisante mais combien impressionante! Il est bien vrai qu'un autobus n'aurait jamais pu passer à travers. À certains endroits, la route est crevassée et le chauffeur doit faire un détour off-road pour la contourner. C'est à un de ces endroits que nous nous sommes enlisés dans la boue jusqu'à la moitié de la roue! Plus tard, un peu plus loin devant nous, un minibus venant en sens inverse s'est coincé dans des roches sur la route maintenant devenue ruisseau. Toutes ces péripéties nous ont permis d'observer un altruisme inné chez les Indiens. Peu importe la situation, il y a toujours quelqu'un pour arrêter, sortir des câbles et essayer de le tirer d'affaire!

Manali est entourée de collines recouvertes d'immenses cèdres. Sa large rue principale est exclusivement piétonnière. La ville, hyper touristique, est sans réel intérêt pour nous. Le petit temple hindou Hadimba, au sommet d'une colline, est entouré d'une véritable foire: des manèges, des jeux d'adresse, la possibilité de se faire prendre en photo avec des gros lapins blancs et des yaks imposants au poil bien brossé... Les touristes indiens sont friands de ce genre de chose. Avec la classe moyenne qui s'élargit, l'accès au voyage se démocratise. Après l'American dream, on sent naître une sorte d'Indian dream! Ils sont de plus à plus nombreux à vouloir et à pouvoir s'offrir jeans, téléphones cellulaires, écrans géants et autres produits de luxe.

Nous avons profité du beau temps pour rayonner aux alentours. Au village de Vaschisht, à 4km de Manali et à flanc de montagne, il existe des sources thermales. Je ne sais ce qui nous est passé par la tête, mais nous imaginions ça dans la nature, une sorte de gros ruisseau entre les roches... Rien n'est plus faux! Il s'agissait de deux immenses bains, un pour chaque sexe, entourés de grands murs contre les regards indiscrèts. L'eau était si chaude que les gens n'osaient y tremper que le bout des orteils! Peu importe, c'était le prétexte pour une belle promenade. En y allant, il y a même deux personnes qui m'ont mis leur bébé dans les bras pour nous prendre en photo!

En allant réserver nos billets de train pour Jaipur, une semaine à l'avance cette fois-ci pour être bien certains d'avoir des places, on se heurte à un principe indien qui nous donne encore bien du fil à retorde: l'absence de files d'attente. Ici, c'est l'entonnoir qui est privilégié. Bref, ça joue du coude, ça se colle et ça essaie constamment de dépasser sans aucune gêne. Une fois rendus au guichet, nous commençions notre transaction avec le préposé quand un homme vient carrément se mettre devant nous en glisse sont billet sous la vitre. Nous le repoussons avec nos bras et lui disons gentiment mais fermement que nous étions là avant lui! Il s'énerve dans sa langue, l'air de vouloir dire " Ben là, ça sera pas long, juste une petite transaction...". Soudainement, plusieurs autres Indiens derrière nous se mettent à lui répondre, à l'engueuler, le repousser gentiment... Ils prenaient pour nous! Le pauvre n'est même pas alllé à la fin de l'entonnoir, il est reparti.

Le trajet vers Dharamsala a lui aussi été particulier, non pas à cause de la route elle-même mais bien en raison d'une succession d'évènements innatendus. Pour faire une histoire courte, nous avons manqué le bus de jour, et il nous a donc fallu prendre le bus de nuit. Celui-ci, après une heure de route, fait une crevaison. On comprend rapidement qu'il n'était pas muni d'une roue de secours, et qu'il nous faut donc attendre qu'un autre autobus viennent nous chercher. On reprend la route et on finit par somnoler un peu, jusqu'à ce que le bus s'arrête à un point de contrôle. Ceux-ci sont nombreux sur les routes en Inde; il suffit de montrer son passeport et son visa, de remplir quelques documents... Le tout étant habituellement fait dans une ambiance tranquille. Les officiers, bien conscients de la lourdeur inutile de toute cette paperasse, ne font qu'appliquer les ordres qu'ils ont reçus. Ceux-ci bavardent habituellement avec nous, nous questionnent sur notre vie dans notre pays... Il y en a même un qui nous a offert le thé une fois! Par contre, cette fois-ci, tout semblait bien plus sérieux. 3h00AM, deux officiers munis de lampes de poches sont entrés dans le bus, dans lequel nous étions les seuls occidentaux. Immédiatement, ils nous pointent et nous disent "You two, luggage check!" sur un ton qui n'entend pas à rire. Nous voilà donc dehors, à côté de nos sacs à dos dont le contenu se retrouve rapidement éparpillé sur la route. Les officiers fouillent et fouillent encore... ils cherchent clairement quelque chose. C'est là qu'on se souvient qu'on a mis nos bagages en consigne à la station de bus de Manali pour la journée, histoire de pas être encombrés. Que le préposé nous a demandé quel bus on prenait. Qu'on n'a pas revérifié nos sacs en les reprenant... On se met à imaginer des histoires tordues dignes d'Hollywood. Manali est la plaque tournante du trafic de drogue dans la région. Et si quelqu'un s'était servi de nous comme d'une mûle? Que son complice nous attendait à Dharamsala? Heureusement, les officiers n'ont rien trouvé. Ils se sont pourtant longuement attardés à nos comprimés de Tylenol... Plus de peur que de mal.

Arrivés à Dharamsala vers 4h30, la ville est endormie. Les autre passagers semblent tous avoir un endroit où aller. Les quelques personnes croisées nous disent qu'il est inutile de chercher une chambre avant 7h00, que personne ne nous répondera, la ville est sous couvre-feu. On doit donc se résoudre à dormir quelques heures sur les bancs de la station de bus. Soudain, un homme qui errait aux alentours s'approche de moi avec une boîte de carton. Intriguée, je me rasseois. Il la défait et la déplie soigneusement, puis l'installe sur mon banc. Il me dit que ce sera plus confortable comme-ça! Je suis bouche-bée. Je n'en reviens pas qu'un parfait inconnu se préoccupe autant de mon bien-être. Ce n'était manifestement pas sa première nuit dehors lui...

Dharamsala est la terre d'exil du Dalaï Lama et du gouvernement tibétain depuis l'invasion par les Chinois en 1959. Évidemment, un peu comme à Leh, l'influence tibétaine se fait sentir et on ne s'en plaint pas. Ce sont des gens paisibles, pacifistes, souriants et la gastronomie tibétaine se défend bien. Connaissez-vous les momos, ces succulents beignets aux légumes, frits ou cuits à la vapeur? Miam.


Il y a quelque chose de solonel dans l'ambiance de la ville; comme si tous se rapellent qu'ils sont ici par défaut, parce que leur terre natale est sous le joug chinois. Fred et moi avons pu nous renseigner davantage sur leur histoire au Tibet Museum. Il s'agit d'un conflit effrayant, et malheureusement toujours actuel, où les droits de l'homme sont gravement bafoués. Au musée, un film touchant relatait l'histoire de Tibétains ayant fui avec succès pour rejoindre le Népal. Cette épopée d'une trentaine de jours de marche, par-dessus la chaîne Himalayenne, était tout aussi meurtrière que les armes des soldats pour ces Tibétains peu équippés. Ceux qui la complétaient gardaient bien souvent en souvenir l'amputation de quelques orteils en raison des engelures.


Le jour de notre départ, c'était le 75e anniversaire de naissance du Dalaï-Lama. Après s'être levés tôt pour aller assister brièvement aux festivités sous une pluie torrentielle, nous avons choisi de rentrer. Il y avait une foule ahurissante! Le Dalï-Lama est toute une vedette. Par contre, avec son âge avancé et son successeur, le Panchen lama, toujours sous l'emprise des Chinois, l'avenir du leader spirituel des bouddhistes tibétains est incertain. Ces derniers, toutefois, restent optimistes comme en témoignent les nombreuses citations affichées au musée. On leur souhaite tous des jours meilleurs...

3 commentaires:

  1. bravo encore une fois Joelle!!!!!!!!! Que tu écris bien!

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  2. J'aime bien les photos des mains, de la chèvre, des arbres et surtout de «Fred» assis sur le toit! hehehe

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  3. Moi j'aime bien Fred qui imite les vaches ahahah

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