mardi 24 août 2010

Mamallapuram



Vanakkam,

Wow! Ça y est, un autre coup de coeur... Il est pratiquement impossible de ne pas tomber en amour avec Mama. Petit village sur le bord du golfe du Bengale, ancienne colonie de pêcheurs... Bref, des ruelles à faire rêver et une plage sablonneuse pas trop fréquentée, ce qui est plutôt rare en Inde. On y est resté quatre jours, dans une belle petite chambre avec vue sur les vagues... Le paradis, à 4$ la nuit. Un paradis qui aurait malheureusement très bien pu y passer en 2004, lors du tristement célèbre tsunami. Par contre, aujourd'hui le village n'est plus du tout en chantier: ceux qui avaient à reconstruire l'ont fait, souvent en en profitant pour agrandir et améliorer. Certains restaurants affichent avec nostalgie les photos de leur ancienne bâtisse, avant que l'immense raz-de-marée ne vienne tout détruire sur son passage. Ironie du sort, il a toutefois facilité l'exploration archéologique de sculptures jusque-là enfouies sous le sable...

N'allez quand même pas croire qu'on ait passé quatre journées à se faire dorer sur la plage (!), car Mama dispose également de trois attraits touristiques remarquables. Le shore temple et les cinq rathas (des petits temples sur roues, cousins du char allégorique, sculptés à même la roche) nous ont laissés sans mots. Contre toute attente, on doit retirer ce qu'on a déjà mentionné concernant le tourisme "architectural", comme quoi cela ne nous intéressait pas. C'est bien différent quand on a devant soi des vestiges vieux de plus d'un millénaire... L'endroit émane alors un mystère quasi tangible. On adore!

Le troisième attrait, et non le moindre, s'agit de l'Arjuna's Penance: un immense parc où sont disposés petits temples, grottes et sculptures à travers des cap rocheux. C'est un ensemble assez original, et ma foi, assez difficile à décrire. Au milieu, on retrouve une immense roche qui semble en équilibre précaire sur un terrain accidenté. C'est la Krishna Butter Ball, une boule de beurre donc, que le dieu Khrisna, encore bébé, aurait échappé en mangeant et qui serait donc tombée du ciel... Les Indiens vivent leur spiritualité de façon tellement colorée et vivante, croyant en un dieu éléphant, une déesse à plusieurs bras et se peinturant le visage avec des couleurs vives... Comment ne pas apprécier l'hindouisme? Ses adeptes ne semblent jamais manquer de tolérance à l'égard des autres religions non plus. On entend rarement parler d'hindouistes extrêmistes disons! Bref on comprend que certains voyageurs soient fascinés par cette doctrine. De notre côté, on prend un sincère plaisir à observer, sans pour autant avoir envie de s'y convertir ou de sauter à pieds joints dans le Gange...

Parlant de Gange, on n'a pas revécu d'expérience similaire à Varanasi depuis. Il est vrai que les villes visitées après celle-là étaient moins éprouvantes, mais nous aussi avons changé notre façon de voir les choses. On réfléchit beaucoup ces temps-ci sur la notion de "bon" voyageur. Le mot "touriste" semble parfois prendre une connotation péjorative... On en voit de toutes les sortes ici, et forcément ça déclenche une remise en question. On s'efforce d'adhérer à certains principes de base: entrer en contact le plus possible avec les habitants de la place, être respectueux dans notre façon d'agir, observer leurs coutumes... Il y a aussi des choses plus simples, comme de ne pas jeter de déchets par terre (tout un défi en Inde!), ou encore ne pas systématiquement photographier tout ce qui se passe autour de nous. Est-ce qu'on pourrait dire qu'un bon voyageur intéragit de facon minimale avec l'environnement, et faire rimer voyageur avec observateur? On aimerait bien avoir votre opinion là-dessus. Qu'en pensez-vous? Comment doit-on faire pour "bien" voyager?

Pour en revenir à Mama, pour notre avant-dernière journée, on s'était réservé des activités à faire dans la région, aux alentours du village. C'est certain qu'on aurait pu prendre le bus pour se déplacer, mais on a décidé de faire une petite folie. Je ne sais pas si c'était le soleil qui a tapé trop fort sur nos têtes, mais on a choisi de louer... une moto! Fort de son cours moto-101 dispensé par quelques Bangladeshis à Mongla, Fred n'avait qu'une seule idée en tête depuis quelques semaines: rouler à nouveau. Je me suis laissée convaincre! On a magasiné un peu et opté pour une rutilante TVS Apache. Il faut que j'avoue que j'étais assez nerveuse quand j'ai grimpé derrière lui sur la monture, mais mes appréhensions se sont dissipées pour faire place à un thrill exaltant. J'ai été hyper impressionnée par Fred qui conduit ça comme de rien! Sans formation, sans aucune vraie expérience préalable... mais il savait comment ça fonctionnait, et est passé de la théorie à la pratique comme s'il avait roulé à moto toute sa vie. Il faut croire qu'il a ça dans le sang, comme son père! Tu aurais été fier de le voir, Jean. Il était calme, réfléchi et prudent, sans jamais hésiter ni louvoyer. Sans compter des facteurs de difficulté supplémentaires, comme la conduite à gauche, les vaches et les singes qui sortent de nulle part!

On a donc pris la moto pour aller au Madras Crocodile Bank Trust, un centre d'herpétologie à une vingtaine de kilomètres de Mama. Encore une fois, un peu comme avant d'aller au zoo de Calcutta, on avait quelques appréhensions, notamment la peur de tomber sur un freak show où les employés gavent les crocodiles avec des poulets, pour amuser les touristes, mais ce ne fut pas le cas. Le centre semble avoir une bonne vocation, et aide les espèces en voie d'extinction de la région. Par exemple, les reptiles qui sont nés en captivité sont élevés de sorte à ce qu'ils développent leur instinct (ils doivent chasser leur nourriture et vivre avec d'autres espèces, notamment), afin de pouvoir réintégrer avec succès leur habitat naturel le moment venu. Bref, un beau petit centre avec des panneaux explicatifs pertinents et juste assez complexes.

Notre journée à moto s'est poursuivie vers Tirukalukundram (ou Thirukazhukundram!), un autre village de la région dont le principal attrait est un temple au sommet d'un immense pic rocheux. Pour y grimper, près de 600 marches en pierre nous attendaient, à monter obligatoirement nu-pieds. Une fois en haut, on était tellement impressionnée par la vue qu'on en a oublié de visiter le fameux temple! On est rentré à Mama en faisant quelques détours, histoire de profiter le plus possible de la moto et s'amuser avec l'appareil-photo. Une expérience qu'on a adoré donc, et qu'on va certainement recommencer!

3 commentaires:

  1. Superbes photos.

    Toujours très intéressant de lire vos récits et anecdotes.

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  2. Vos reportages et vos photos me font découvrir un peuple et de nouveaux paysages. Que ce soit au Temple Sikh Gurudwara à Delhi, à votre séjour chez M. Malhi, à la plage de Chennai ou à la Puja à Varansi, je constate que vous êtes très respectueux des indiens et de leurs coutumes. Les gens vous le rendent bien par leurs sourires, leurs invitations à partager un repas, une tradition......
    Oui, vous êtes de bons voyageurs et c'est pour cette raison que je vous lis avec intérêt.

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  3. Looking good on that bike girl ;o)

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