jeudi 30 septembre 2010

Beijing


Nous voici donc dans l'Empire du Milieu, le pays de Mao, du thé vert, de la soie, du jade et du "Made in China". Le pays où les gens semblent parler du nez et écrivent avec des signes incompréhensibles. C'est également le pays le plus populeux du monde, celui du plus grand parti politique, communiste de surcroît avec 78 millions de membres sur une population de 1,324 milliards. Voit-on enfin une réussite de ce modèle tant contesté, avec raison, tant il a échoué? On a de quoi être impressionnés.

D'une part, la Chine est admirée. Avec son taux de croissance élevé et soutenu par une classe moyenne de plus en plus grande et avec ce qui deviendra bientôt le premier marché de consommateurs de la planète, les investisseurs du monde entier voient des signes de $ dans les yeux des Chinois. L'époque où la Chine n'était que l'usine "cheap-labor" du monde occidental est révolue. C'est que la Chine a bien joué son jeu: ce sont les Chinois eux-même qui profiteront de la manne. Maintenant qu'ils ont les ressources humaines et matérielles pour produire ainsi que les consommateurs pour acheter, ils n'ont plus besoin de personne.

D' autre part, la Chine est critiquée. Non-respect des droits de l'homme, manipulation de l'information, censure, expropriation et génocide. Certains appellent au boycott de ses produits ou de ses jeux olympiques par exemple. D'autres incitent même à ne pas y voyager, à ne pas aller y dépenser son argent, histoire de protester contre le régime... Nous en sommes arrivés à la conclusion que, pour en avoir une meilleur idée, il fallait s'y rendre pour le voir de l'intérieur. Et puis il faut aussi garder en tête que la politique et le peuple ne font rarement qu'un et que l'un n'est pas représentatif de l'autre. C'est donc ce que nous nous proposons de découvrir dans les prochaines semaines.

Bien que le dernier mois fut plutôt tranquille pour nous (nos attentes étaient élevées pour la partie du sud de l'Inde), les deux dernières semaines nous auront au moins permis de recharger nos batteries avant d'attaquer ce qu'on pourrait appeler, encore une fois, une autre planète. Retour à la case départ: nous avons perdu tous nos repères. Tout ce qu'on avait appris de la langue, des coutumes, des habitudes des habitants, des gens qui nous entouraient ne nous sert plus. Et pourtant, ce qui en aurait découragé certains nous aura fait l'effet d'une canette de Red Bull par intraveineuse. Stimulant, revigorant. La seule pensée de venir découvrir un nouveau pays nous aura ouvert l'appétit comme à la vue d'un bon plat fumant qui sort du four. Alors que dix jours nous paraissaient interminables il n'y a pas si longtemps, nous avons vu passer la même dizaine à la vitesse d'un TGV lors de notre séjour à Pékin.

D'abord un retour sur notre escale à l'aéroport de Kuala Lumpur où nous avons passé la nuit. Pas à l'hôtel de l'aéroport. Au terminal. Dans l'aire d'attente. Non, cette situation insolite n'était pas due à un vol reporté ou à une mauvaise planification, la décision s'est prise d'avance en parfaite lucidité, histoire de sauver le coût d'une nuit à l'hôtel dans une ville où tout est horriblement cher, dumoins en comparant avec l'Inde. Saviez-vous qu'il existe toute une communauté internet qui répertorie les aéroports où il fait bon dormir? Si vous êtes curieux, allez faire un tour ici. Les coins sombres et tranquilles ne sont pas si nombreux au terminal principal et nous avons même été déplacés vers une heure du matin parce que la section où nous étions devait être fermée pour la nuit. Par contre, mention honorable pour les bancs à quatre place sans appuis-bras où il est confortable de s'allonger et pour les toilettes où nous avons pu prendre une douche improvisée en toute quiétude.

Quelques heures plus tard, les roues de notre avion touchaient le sol. À travers le hublot, c'est une pluie fine que nous voyions tomber sur Tianjin. Il nous restait encore deux heures de bus avant de rejoindre la capitale. Une fois rendus, par contre, la tristesse de mère nature s'est évaporée pour faire place à l'enthousiasme de vos deux voyageurs préférés, excités comme des enfants arrivant à Disney Land. Les premières constatations prennent surtout la forme de comparaison avec l'Inde. La différence est frappante.  La société chinoise doit bien être en avance d'un demi-siècle par rapport au pays de Ghandi. Sur tous les aspects, la Chine est à l'opposé du pays qu'on a à la fois appris à aimer et à détester dans les derniers mois. Les bâtiments modernes, les trottoirs larges, l'habillement mode des gens, la propreté, l'ordre, l'impression d'une société organisée au quart de tour. Les jours qui ont suivi nous auront permis de le confirmer. Grattes-ciel, voitures récentes, vêtements griffés, Pékin nous montre une Chine bien de son temps à l'avant-garde du progrès sous toutes ses formes. Est-ce que cela veut dire qu'elle renie son passé? Au contraire. Elle en est fière et le met en valeur. Chaque monument, musée, parc ou mur(!) est présenté de belle façon et entretenu à la perfection. L'harmonie entre le traditionnel et le moderne est enveloppante.

Pour en profiter, il faudra se forcer. Car la communication ne se fait pas en anglais ici, même si on la qualifie souvent de langue internationale. Très peu de Chinois le parlent, ne serait-ce que quelques mots. Même les plus jeunes. La Chine n'en a jamais eu besoin pour se hisser au deuxième rang des économies mondiales et ce n'est pas aujourd'hui que ce sera nécessaire. En fait, à l'inverse, apprendre le mandarin ne serait pas une si mauvaise idée pour nous, occidentaux, et je ne serais pas surpris que son enseignement soit de plus en plus répandu. De toute façon, pour le voyage, c'est essentiel si l'on veut réellement apprécier. Sans mandarin, j'ai bien peur qu'on ne fasse que voir la Chine mais pour la vivre, il faut pouvoir baragouiner quelques mots. Le séjour ne sera que plus enrichissant. En prime, le sourire qui illumine le visage de son interlocuteur quand on le salue dans sa langue maternelle vaut amplement l'effort à y mettre. Le plus étonnant, c'est que ce n'est pas si compliqué que ça; on ne se débrouille pas mal du tout et on est vraiment contents d'avoir pris la peine de faire quelques leçons avant le départ. On a appris davantage de mandarin en trois jours que d'hindi en trois mois.

On a également appris, voire confirmé, que la Chine, c'est cher. Pour nous, ce sera donc bouffe de rue et dortoirs.Rien de bien désagréable, ça donne souvent lieu à des rencontres amusantes. Outre le choc de la langue et du coût de la vie, il y a celui de la censure. On savait que Facebook serait bloqué, ça on peut farie sans, mais figurez-vous que votre blog préféré ainsi que Picasa (le site utilisé pour nos photos) n'étaient pas accessibles non-plus, en tant que produits "Google". C'est donc en déjouant la censure chinoise que nous vous envoyons cette entrée de blog!

Vous vous doutez sans doute déjà qu'on a aimé notre séjour à Pékin, n'est-ce pas? Juste. Très Juste. Le point le plus évocateur c'est qu'au lieu de rester 6 jours comme prévu, nous avons passé 9 jours dans la capitale chinoise. La ville, immense, regorge de choses à faire et à voir et nous n'aurions pas pu passer à côté de quoi que ce soit offert ici. Comme quoi? En rafale, nous avons visité la place Tian'anmen, la Cité Interdite, Dashanzi 798 (le quartier des arts), le mausolée de Mao, le parc olympique, la fameuse grande muraille, le Temple du Ciel et j'en passe. D'ailleurs, les chinois ont beaucoup d'imagination lorsque vient le temps de donner des noms à leurs monuments. Je vous en partage quelques uns: le Palais de l'Harmonie Suprême, le Palais de la Pureté Céleste, le Pavillon de la Tranquillité Impériale, la Porte de la Vérité Pure, le Temple de la Grande Charité et la Salle de la Protection Éternelle. Curieux... En terminant, il ne serait pas juste de conclure ce texte sans vous parler un peu des Pékinois que nous avons trouvés hyper gentils. L'esprit communautaire semble occuper une place importante dans leur vie. On les voit souvent en groupe en train de partager un repas ou une partie de cartes, que se soit dans les hutong (quartiers typiques à maisons basses) ou même sur les sites touristiques. Les personnes âgées sont actives, ça joue au mah-jong et même au aki-sac! On les voit aussi dans les parcs, le soir, pratiquer la danse, le tai-chi ou le kung-fu. Ce sont de bons vivants et ils n'hésitent pas à se bourrer la fraise en famille ou entre amis. Inspirant!

4 commentaires:

  1. wow c'est vraiment hallucinant le contraste entre l'ancien et le récent!
    magnifique :)

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  2. Bonjour,

    Avant tout bravo pour le blog.
    Comment avez-vous fait pour contourner la censure chinoise pour Picasa et Blogger?

    D'avance merci,
    NGS

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  3. Salut NGS,
    merci pour ton commentaire, c'est toujours apprécié! Pour contourner la censure chinoise, on utilise un VPN (virtual private network) auquel j'ai accès grâce à l'université McGill. En gros, on fait croire à l'ordinateur qu'il est à Montréal en modifiant son adresse IP.

    Il existe aussi des solutions payantes, comme www.securitales.com

    Mais chut, pas un mot au parti communiste de Chine!

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  4. Merci pour la réponse!
    Et bon voyaaage...

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